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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


La Présidence d’Haïti au temps du Désastre et de la Décadence par Castro Desroches

Publié par siel sur 19 Mars 2011, 10:11am

Catégories : #AYITI ROSE RAKET

 

     Les ruines du Palais national seraient-elles devenues un asile pour paumés en proie à des déboires financiers ? C’est la question que l’on se pose avec inquiétude eu égard aux informations publiées récemment par le Miami Herald sur les désastreuses transactions immobilières du candidat néo-duvaliériste Michel Martelly. « Si je dois mourir, je mourrai avec l’alcool mais je ne mourrai pas pauvre » disait Martelly au cours d’une interview accordée en 1993 à Télé Image. C’était le bon vieux temps où l’argent sale de la drogue circulait à flot entre les mains imbibées de sang de ses compères militaires. Ivre de joie sur ses « succès financiers », Michel Martelly prenait un plaisir gouailleur à clamer sur tous les toits son statut de millionnaire. Au cours de ces dernières années, le magot de Micky a commencé à « craquer. » Les millions se sont envolés en fumée. La fortune a pris la poudre d’escampette. Volatilisée dans les vapeurs éthyliques de l’eau-de-vie qui cause prématurément la mort. En fait, ce n’est que récemment, juste avant de lancer sa candidature, que Michel Martelly s’est résolu, de manière cynique et opportuniste, à s’acquitter de ses redevances envers son fils naturel en Floride. Le respect que nous devons à un mineur ne nous permet pas de citer de noms. L’enfant abandonné n’a pas choisi d’avoir un père aussi pervers. En fait, au lieu de père, on devrait plutôt parler de bourreau, si l’on tient compte de la bestialité avec laquelle la mère de cet enfant (entre autres victimes) a été traitée. Les témoignages sont tristes et accablants. Des épisodes sortis tout droit d’un roman du Marquis de Sade ou d’un Manuel de Torture à l’usage du phallocrate psychopathe. Comble d’ironie, l’infâme Micky a eu le culot d’émettre un message de bienveillance à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme. Une femme qui vote Sweet Micky est comme un Juif qui vote Adolf Hitler.

 

     Confronté de toutes parts à des arriérés volumineux, le travesti Micky s’est donc embourbé en Floride dans une impasse financière très gluante. Un véritable cul-de-sac. Déguisé en Joseph Michel Martelly, Micky à donc abandonné Miami pour chercher refuge dans l’El Dorado de la politicaillerie haïtienne. De cirrhose en nuits blanches, l’idée est venue, une fois, de créer en 2008 la Fondation Rose et Blanc en vue de paver la voie de la course à la présidence. Ainsi a commencé la vie en rose. Ainsi ont commencé les piaffements frénétiques des fanatiques. Ainsi a commencé la fabuleuse aventure de bandes dessinées de Sweet Micky vers la présidence d’Haïti. En attendant de gagner à la borlette électorale et de pouvoir s’acquitter de ses dettes aux Etats-Unis, Micky s’est déchargé de toute responsabilité sur la personne de son agent immobilier Natacha Magloire.

 

     « Les voies du Seigneur sont impénétrables » disent les Saintes Ecritures. En effet. Il est difficile sinon impossible aux non-initiés d’appréhender cette longue tradition de promiscuité indécente entre Dictature et Religion en Haïti. Les grands dignitaires de l’église confondent commodément le Seigneur éternel de la Bible avec le saigneur du moment. L’exemple le plus éloquent est certainement celui de Monseigneur Ligondé qui a continué à adorer les images taillées de Duvalier (« être immatériel » autoproclamé) même après le départ de Baby Doc. Aujourd’hui, Port-au-Prince est transformé en Babylone et c’est au tour de « l’Evêque » Patrick Villier et de quelques vils pasteurs protestants d’assurer la relève en invitant « les fidèles de la résignation » à participer à la messe noire du dimanche 20 mars et à accepter Sweet Micky comme leur sauveur personnel. Seraient-ils en train de « prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages » ? Peut-être, nous ne saurions le confirmer, que les dictateurs, les putschistes et les escadrons de la mort remplissent une fonction « religieuse » en facilitant le grand voyage de ceux qui s’acharnent à rester sur la Terre. Vu sous cet angle, le « soutien » qu’apportent Villier et ses sosies au travesti Micky est tout à fait logique. Dans leur vision perverse et odieuse, Martelly serait donc un « mâle » nécessaire. Faussement repenti, Micky a réagi ainsi : « C’est un côté de moi que je vendais, pas le meilleur je l’avoue, pour arriver où je suis. » Se vendre ? Arriver ? Mais dans quel état ? On croit entendre la voix d’outre-tombe de Victor Hugo: « Tu n’entreras pas dans l’Histoire, bandit ! Haillon humain, hibou déplumé…Tu resteras dehors et cloué sur la porte. »

 

     Encore une fois les sorciers de l’église haïtienne exécutent en plein jour leur danse macabre autour des faméliques de la République. Bénédiction du crime et de la bêtise arrogante dans une honteuse cérémonie à l’hôtel Le Plaza. Pasteurs réactionnaires et candidats toujours malheureux au service de la « démoncratie » et du terrorisme néo-duvaliériste. Rara électoral des rats d’église avec comme Major Jonc l’inénarrable Ray Joseph.

 

     Dans la classe politique, calme plat. Silence stratégique. Certains candidats ont carrément disparu de la circulation. Attente fiévreuse pour revenir en douce au secours de la victoire. Ils ont deux fers au feu. Gagnants à tous coups. Coup d’état militaire, coup d’état électoral, coup bas, coup fourré. Ils ne vont pas faire de coups d’épée dans l’eau avec des critiques « intempestives ». Yoga, gymnastique. On se prépare fébrilement à courber l’échine. Excellence par-ci, Excellence par-là. Et tout cela est excellent pour la santé financière des uns et des autres. Contrats juteux, postes à pourvoir. Le pouvoir aux plus coupables. Mais, il y aura beaucoup d’appelés et peu d’élus. Alors là, on passe sans transition à l’opposition radicale et réclame la démission et l’ex-île.

 

     Ebats télévisés entre Manigat et Martelly. La belle et la bête. Corps-à-corps verbal dans une langue bâtarde mi-française mi-créole. Les promesses creuses n’engagent que ceux qui y croient. Le journaliste Guyler Delva est battu à la porte de l’Hôtel Karibe par des agents de « sécurité ». Pourtant, il avait la tête bien rasée. Tête pleine de questions insolentes. La veille, trois colleurs d’affiches de Manigat étaient abattus par les barbouzes de la PNH. Tais-toi, on tue ! Climat de tension sur fond de fausse cordialité. Fidèle à sa mauvaise réputation, Micky fait le gros dos. Il bombe la poitrine. Sa veste est vide. Il est chauve à l’intérieur de la tête mais il crâne. Sa tête, c’est du béton armé avec des barbelés et des tessons de bouteilles. La Borlette va jouer un rôle important dans son programme scolaire. Nos enfants affamés pourront bailler au Corneille et apprendre enfin les vers de Verlaine : « J’ai fait un rêve étrange et pénétrant ». 50, 15, 10 : banques de réparation et de reconstruction nationales. Grands interprètes des songes et des mensonges, les deux candidats manient les chiffres (boules malachong) avec adresse. Cailles écrasées, numéros effacés. Caisses de l’Etat : 105. Programme de gouvernement : verser du 109. Rêves de résurrection de l’armée des zombis en kaki et des forces des ténèbres. La tension monte dans la salle. Le sang sale se lave en famille. Excitation. Bandition. Folie meurtrière. « Je la dévorais des yeux. » Attention ! Sale caractère, tempérament sanguin. La modératrice craint un malheur. On a oublié d’enfermer Micky dans sa cage ! Rugissement de la bête blessée. Délire de persécution lorsqu’un journaliste lui pose une question gênante sur ses ténébreuses transactions immobilières. L’ancien cadet, est touché dans son for intérieur. Les yeux injectés de sang, le militaire raté montre des dents de Charles Oscar. Il martèle des menaces de représailles. Danger de viol et de violence. « Kite l vini. Se voye yo voye l. M ap tann li. » Führer de Martelly. Gesticulations fascistes. « A la guerre comme à la guerre ! »

 

     Vendredi matin, vigoureuse protestation du Groupe Médialternatif. SOS Journalistes invite Micky à rectifier le tir. L’Association des Journalistes Haïtiens réagit et condamne les agressions « vers-balles ». Avec Micky, c’est le jubilée, le bal des adieux qui se prépare. Musique funèbre à l’orgue de barbarie. La Constitution, c’est du papier ; la baïonnette, c’est du fer. Transfert aux enfers avec plein de gros mots en guise d’oraison. Votre maman par-ci, votre maman par-là. Je vais vous guetter partout. Ceux qui ne connaissent pas Micky, voici Micky. Souvenez-vous qu’il n’y a qu’un seul Micky en Haïti (l’autre se trouve au Honduras) et qu’à son nom, tout le monde doit trembler. Journaliste fouille-apporte…absent ! Cela vous apprendra à ne pas vous mêler de ce qui vous regarde droit dans les yeux. La cécité, ça regarde tout le monde. La presse est déjà sous pression. Les hémophiles sont priés de s’abstenir. Le sang va couler à flot.

 

     Au Cap, les skinheads attaquent. Climat d’intolérance, de provocation et de haute tension. Tout le monde est au courant. Personne ne pourra blâmer le black-out de la presse. Personne ne pourra plus prétendre de n’avoir pas entendu, de n’avoir pas su, de n’avoir pas vu venir cette orgie de violences.

 

     Un débat télévisé n’est pas un colloque international sur le sexe des anges ou la couleur (rose ou blanche) des souliers de Saint Pierre. Mercredi matin, Micky engage un combat à l’arme blanche. Finies les histoires à l’eau de rose. Il se fait maître-chanteur. Manigat évite la confrontation. Aurait-elle d’autres anneaux chez l’orfèvre ? Elle esquive maladroitement les coups de langue de Martelly. La politique est un sport de contact. Il faut pouvoir réagir du tac au tac, du tacle au tacle. Ce n’est pas un dîner de gala ni un concours d’élégance et de générosité. Surtout lorsqu’on a affaire à un énergumène de la trempe de Micky. « M. Sweet Micky avec tout le respect que je vous dois, je dois vous dire que votre programme de gouvernement est une Borlette. C’est un mélange de rapadou et de doux vodou économique. » Voilà comment, Madame, on gagne les vraies élections avec deux petites phrases. Mais, il fallait y penser. A la place de Manigat, Youri Latortue aurait fait une seule bouchée de Micky. Ce n’est pas pour grand merci qu’on l’appelle Monsieur 30 pour « sang ».

 

     Vendredi matin, dans les colonnes du Nouvelliste, chaque candidat émet sa propre note officielle pour proclamer victoire. Ils ont, chacun de son coté, gagné le débat. Le grand perdant est le peuple haïtien qui est resté sur sa faim.

 

     Une fois de plus, la Communauté Internationale s’est engagée en Haïti dans une voie sans issue. Comme au début des années 90 où les Etats-Unis avaient été obligés de « défaire » le coup d’état militaire qu’ils avaient eux-mêmes patronné. Encore une fois, c’est la persistance dans l’erreur. Le refus de reconnaitre au peuple haïtien le droit à l’auto-détermination et à des élections libres, inclusives, honnêtes et démocratiques. Comme ce fut le cas en 1988, les « élections » de dimanche ne seront qu’une brève parenthèse dans l’histoire mouvementée de ce pays. Et, c’est dommage. Dommage d’avoir à refaire ce qui a été mal fait par les malfinis locaux et internationaux. Le moment est grave. Ce qui est certain, c’est que la Presse aura un rôle considérable à jouer dans le travail de conscientisation et de mobilisation pour la sauvegarde des acquis démocratiques. La bête immonde est à nos portes. Et, nous n’avons que les armes miraculeuses des mots pour combattre nos maux.

 

 

Castro Desroches

 

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S
<br /> <br /> Finalement, vous réalisez l'ampleur du danger que représente Sweet Micky après avoir passé la campagne à faire comme ci Manigat était plus à droite. Maintenant la "milice rose" a pris son envol.<br /> Et comme il n'y aura plus de rallyes Manigat à qui s'en prendre, ils vont jeter leur dévolu (euh non leurs pierres et autres projectiles)  sur la population et la presse. Chapeau! <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Bonjour M. Zogrann,<br /> <br /> <br /> D'abord il n'y a pas de finalement<br /> <br /> <br /> Et je ne mesure pas du tout l'ampleur du danger que représente Martelly<br /> <br /> <br /> en diffusant un texte qui lui, s'il le dit, conclue  par ailleurs que ces élections sont un échec.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La seule option que j'aie défendue sur ce blog c'est : PAS d'élections avec un CEP pas crédible.<br /> <br /> <br /> Les questions que j'ai posées : pourquoi le CEP a-t-il accepté la candidature de Martelly connaissant son passé ? Pourquoi les candidats ont accepté de l'avoir comme challenger ?<br /> <br /> <br /> sont au coeur de la situation actuelle.<br /> <br /> <br /> A part ça, j'ai toujours dit et je le répète présentement,<br /> et j'assume que les 2 candidats choisis par l'internationale sont de droite avec des soutiens de personnages de la droite dure duvaliériste, faussement nationaliste, proputschiste, proarmée<br /> <br /> <br /> que personnellement j'abhore<br /> <br /> <br /> .Il y a du "danger" pour la démocratie des 2 côtés.<br /> <br /> <br /> J'ai dit et je redis :<br /> <br /> <br /> que les 2 programmes sont similaires, quasiment identiques<br /> <br /> <br /> que<br /> <br /> <br /> et que tous 2 font l'impasse sur des sujets cruciaux tels que l'énergie et les mines.<br /> <br /> <br /> que tous 2 veulent"restaurer" l'armée pour faire plaisir à ceux qui les financent.<br /> <br /> <br /> 1 seule différence c'est que Martelly en annonçant qu'il est pour l'agriculture biologique<br /> <br /> <br /> gagnait un point important, vu que ce pays Haïti vit en grande partie de l'agriculture.<br /> <br /> <br /> Sinon les histoires de "banm manman'm" de "pantalet en acier" etc, me paraissent du pur populisme, de l'infantilisation des populations dans une pure logique de droite.<br /> <br /> <br /> Ce que j'ai signalé.<br /> <br /> <br /> Il s'agit de mon blog et de mes opinions.<br /> <br /> <br /> Maintenant que quelqu'un pense que les Manigat sont des progressistes c'est leur droit.<br /> <br /> <br /> Par contre personne n'a jamais pensé que M. Martelly l'était.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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