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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Vue de l'intérieur de l'élite des affaires en Haïti ( avec ma traduction en français) (mis à jour)

Publié le 7 Novembre 2016, 21:37pm

Catégories : #AYITI ACTUALITES, #AYITI ROSE RAKET, #AYITI EXTREME DROITE

 

Interview
AN INSIDE LOOK AT HAITI’S BUSINESS ELITE
An Interview with Patrick James

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Inauguration du "camp" industriel de Caracole avec les époux Clinton, le Président et le Premier ministre d'Haïti
 

Patrick James is the alias of a U.S. businessperson who previously lived and worked in Haiti. This interview was conducted prior to the negotiated ouster of the illegal Haitian military government and the restoration of President Jean-Bertrand Aristide, but it remains relevant and timely for the insights it provides about class divisions, power, exploitation and human rights in Haiti.


Patrick James est le pseudo d'un homme d'affaires  des USA qui a travaillé et habité en Haïti. Cet entretien a été réalisé  avant  la négociation pour chasser le gouvernement militaire illégal haïtien et la restauration du Président Jean-Bertrand Aristide, mais il reste  pertinent et d'actualité  pour les aperçus qu'il donne sur la division des classes, le pouvoir, l'exploitation et les droits humains en Haïti.

 

Multinational Monitor: How would you characterize the Haitian business class as a community?

M.M : Quelles sont, selon vous, les caractéristiques de la communauté de la classe des affaires haïtiennes ?

Patrick James: The interconnectedness of the Haitian business community is amazing. I worked for a company and the guy right across the hallway from me, one of the partners, was General Cedras’s brother; the other was a European businessman. My company had one partner whose sister is married to the European businessman, who’s in business with Cedras’s brother. The elite are somehow interconnected or related. Basically they have to work together in order to keep their power intact.

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Gregory Brandt acccusé d''être à la tête dun réseau de kidnapping et de blanchiment d'argent.

P.J : L'interconnection dans la communauté des hommes d'affaires haïtiens est incroyable. Je travaillais pour une entreprise et juste de l'autre côté de l'entrée en face de moi, l'un des partenaires était le frère du Général Cédras; l'autre était un homme d'affaires européen. Mon entreprise avait un partenaire dont la soeur était mariée à cet homme d'affaires européen, qui fait des affaires avec le frère de Cédras. L'élite est d'une manière ou d'une autre interconnectée ou liée par des relations de famille. Fondamentalement, ils sont forcés de travailler ensemble pour garder leur pouvoir intact.

 

You can imagine what kind of pressure that must be when you know that there are six million peasants that basically could rise up and tear your house down some night, which, also, I experienced. I’ve witnessed what they call dechoukage where they just basically firebomb, loot and gut a house. Its a terrifying thing.

 

 

 

Vous pouvez imaginer le type de pression que cela doit être quand vous savez qu'il y a six millions de paysans qui, basiquement, pourraient se soulever et vous jeter hors de votre maison une nuit, ce dont j'ai moi-même fait l'expérience. J'ai été témoin de ce qu'ils nomment le déchoukage, quand ils tirent, pillent et mettent une maison en morceaux. C'est terrifiant.

 

This is always in the mind of the elite Haitians. They ride around in their armored vehicles, they have their Uzis in their house. It’s not uncommon to hear machine gun fire when you’re in Port-au-Prince just because there’s a thief trying to break in somewhere. And you’d better believe these rich people have got machine guns. The poorest Haitians cannot rise up. I mean there will not be a revolution in Haiti because you cannot fight these machine guns with sticks and rocks and machetes. There’s only so far you can fight.

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L'élite d'Haïti a toujours cette pensée en tête. Ils conduisent des véhicules blindés. Ils ont leurs UZI chez eux. Ce n'est pas rare d'entendre des tirs de mitraillettes quand vous êtes à Port-au-Prince, uniquement parce qu'un voleur tente de rentrer dans une maison. Et je vous prie de croire que ces gens riches ne manquent pas de mitraillettes. Les Haïtiens les plus pauvres ne peuvent pas se soulever. Je veux dire qu'il n'y aura pas de révolution en Haïti parce qu'ils ne peuvent pas se battre contre des mitraillettes avec des bâtons, des pierres et des machettes.



MM: Where do the U.S. businesses fit into that whole picture economically and politically? Are they part of that elite?

MM: Où se placent les hommes d'affaires des USA dans l'ensemble du paysage économique et politique?

Font-ils partie  de l'élite?

James: The rich Haitian families basically run their own empires. You have partnerships with American businessmen, European businessmen that are very lucrative because you have a monopoly situation in Haiti. There are only a certain amount of players, and if you can provide something that no one else can provide, you’re in. If you have a sister-in-law that’s, say, from Vietnam or Thailand who has connections who can get you all the rice you want to import, then you’re the guy that owns the rice market in Haiti.

 

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Hôtel Best Western Propriété de la famille Handal

 

James : Les  riches familles haïtiennes, en gros, dirigent leurs propres empires. Vous avez  des partenariats avec des hommes d'affaires américains et européens qui sont très lucratifs parce que vous êtes en situation de monopole en Haïti.

Il n'existe qu'un nombre restreint de joueurs, et si vous pouvez fournir quelque-chose que personne d'autre ne peut fournir, vous entrez dans le jeu. Si vous avez, disons, une belle-soeur du Vietnam ou de Thaïlande qui a des connections et peut vous faire avoir du riz pour importer, à ce moment, vous devenez le type qui possède le marché du riz en Haïti.

 

MM: What are the leading empires?

MM :Quels sont les empires qui dirigent ?

James: There are probably a group of about 30 families, big families. Then, after that, maybe another hundred or two hundred [at the] next level. There aren’t many people, relative to the entire population, running the show. And, let me tell you, the wealth is unbelievable. I know some of these people that send their kids to private schools in Florida and Switzerland, grammar schools where they’re paying $18,000 a year for one child’s tuition. They are multi-, multi-millionaires. They have a monopoly on the situation. They’re maybe importing rice, then they may export coffee or oranges or whatever. And of course they are making their money from the sweat and blood of the poor Haitian, who’s making maybe $20 a month, if he’s lucky.

 

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Famille Brandt : l'une des 10 familles les plus riches d'Haïti.

Ils représentent, probablement, un groupe d'à peu près 30 familles, de grandes  familles. Puis, après ça, peut-être une centaine  ou  deux cents au niveau suivant. Ils ne sont pas nombreux comparativement à la population entière, à diriger le spectacle. Et laissez-moi vous dire, la richesse est incroyable. Je connais quelques-unes de ces personnes qui envoient leurs enfants dans des écoles privées en Floride et en Suisse, des écoles primaires où elles paient 18 000$ pour les frais scolaires d'un seul enfant. Ils sont multi-multi millionaires. Ils ont le monopole sur la situation. Ils importent peut-être du café, exportent du café , des oranges où n'importe quoi d'autre. Et bien sûr, ils font leur argent sur la sueur et le sang de l'Haïtien pauvre qui, quant à lui, gagne peut-être 20$ par mois. Si il a de la chance.

 

MM: Have the labor costs been that low for a long time?

MM: Est-ce-que le salaire a-t-il été aussi bas depuis longtemps ?

James: Always, and the rich plan to keep it that way, that’s how they make their money. Slavery is alive and well in Haiti. That’s what it is, slavery. It’s even worse than slavery, really, because at least with slavery you were offered some fringe benefits, as far as housing. In this situation, you’re offered hard labor and that’s it. If you get enough money to buy a machete so you can chop down a few trees to weave together a hut and pack mud on the side of it, good for you. If not, tough luck. They don’t provide housing, they don’t provide food for these people, they just use them for labor.

The first day I was at my office, one of the Haitian businessmen came in and I said, “I can’t believe how poor these people are.” This guy was one of the elite, light skin, blue eyes, and he said to me: “Oh yeah, we have to keep these people tired and hungry, otherwise they’ll rise up against us.”

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James : Toujours. Et les riches ont planifié de le garder ainsi, c'est comme ça qu'ils font leur argent. L'esclavage est vivant et se porte bien en Haïti. Voila ce que c'est : de l'esclavage. En réalité, c'est même pire que l'esclavage, parce qu'au moins avec le système esclavagiste, on vous donnait quelques minces bénéfices, comme une case. Dans la situation (dont nous parlons) on vous offre un travail pénible et c'est tout. Si tu as suffisamment d'agrent pour acheter une machette et couper quelques arbres pour en faire une charpente et mettre de la boue sur les côtés, tu t'en sors bien, Si non, bonne chance. Ils ne fournissent pas de maisons, ils ne fournissent pas de nourriture à ces gens, ils les utilisent uniquement pour le travail.

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Paysan haïtien embauché dans l'exploitation des mines d'or.

Le premier jour de travail à mon bureau, l'un des hommes d'affaires haïtiens est venu et je lui ai dit :" Je n'arrive pas à croire à quel point ces gens sont pauvres." C'était un de ces types de l'élite, peau claire et yeux bleus, et il m'a dit : "Ouais, il faut garder ces gens-là fatigués et affamés, sinon ils se soulèveront contre nous."
 

MM: Do you think people would rise up if they had more resources?

MM: Pensez-vous que les gens se soulèveraient s'ils gagnaient mieux leur vie ?

James: No doubt about it. That’s the thing the [elite] Haitians are so afraid of. When there’s a mob mentality, anything can happen. I remember the night of the coup, I was asleep in bed. At about one o’clock in the morning I heard loud explosions, gunfire, chanting, screaming. I got up and looked out of my bedroom window. I was up on the side of a mountain and I could look down over the whole city. I saw different places on fire and I could tell there was something wrong. So I went outside to ask the night watchman what was going on. He was listening to the radio and said something happened to Aristide. I asked myself, “Am I the good guy or the bad guy?” I didn’t know. I didn’t know if the average Haitian would look at me as a white, a blanc, as the enemy, or if I was just someone that was not involved in the situation so they wouldn’t even bother me. I didn’t know what to do and I heard people chanting, coming up the side of the mountain. I could see different places on fire already on the mountainside.

 

James : Aucun doute là-dessus. C'est ce qui leur fait si peur aux Haïtiens (de l'élite). Quand il y a un esprit de contestation, tout peut arriver. Je me souviens de la nuit du coup d'Etat. J'étais endormi dans mon lit. Vers une heure du matin, j'ai entendu des explosions, des tirs d'arme à feu, des chants et des cris. J'ai regardé à travers la fenêtre de ma chambre. Je me trouvais en haut d'une colline et je pouvais voir ce qui se passait en bas dans l'ensemble de la ville. J'ai vu différents endroits en feu et, manifestement, il se passait quelque chose d'anormal. Donc je suis allée dehors demander au gardien de nuit ce qu'il en était. Il était entrain d'écouter la radio et m'a dit que quelque chose était arrivé avec Aristide. Je me suis demandé: "Suis-je la bonne ou la mauvaise personne ?" Je ne savais pas. Je ne savais pas si l'Haïtien moyen me considérerait comme un Blanc en tant qu'ennemi, ou bien si je n'étais pas impliqué dans la situation et qu'il ne ferait même pas attention à moi. Je ne ne savais pas quoi faire et j'ai entendu des gens qui grimpaient sur la montagne en chantant.

Je pouvais déja apercevoir des endroits qui étaient déjà en feu sur la montagne.
 

 So I turned around and went back to my house. I went back into my room and packed my backpack and I took the machete from under my bed and I went back outside to the night watchman. I asked him what we should do, and he said he didn’t know. So we hid. It was a bright moonlit night and we hid in the garage. I could see now there was a crowd out in front of the house, probably 200 people, flaming torches and machetes, and of course I start sweating bullets. They started chopping down the fence and the night watchman said, “We have to go out, otherwise they’re going to come in here.” So I just kind of took a deep breath, and the two of us walked into the moonlight and held our machetes. And I just remember looking up and at that point I could hear them yelling “Blancs, blancs, blancs restent ici,” meaning, “Whites stay here, whites live here.” And then, one by one, they started running away.

 

James : Aussi, je suis retourné dans la maison. Je suis allée dans ma chambre, j'ai fait mon sac à dos,  pris la machette sous mon lit et je suis retourné dehors auprès du gardien de nuit. je lui ai demandé ce qu'on devrait faire, et il a dit qu'il n'en savait rien. Alors, nous nous sommes cachés. C'était la pleine lune et nous nous sommes cachés dans le garage. Je pouvais voir la foule composée de peut-être 200 personnes, avec des torches et des machettes, et bien sûr je me suis mis à paniquer. Ils ont commencé à casser la barrière et le veilleur de nuit m'a dit : "Sortons, sinon ils rentreront ici." Alors j'ai pris une profonde respiration et nous sommes tous les deux sortis avec nos machettes  brandies dans le clair de lune. Et je me souviens qu'à ce moment là, j'ai entendu : "Blan , blan ki rete isit " Ce qui veut dire ce sont des Blancs qui habitent ici. Et l'un après l'autre ils se sont enfuis.

I spent the next two or three nights crawling around on my hands and knees on the floor listening to bullets whizzing by, and to gunfire.

During one of those days, I went over to a hotel where a bunch of my friends lived. I was sitting on the terrace of the hotel with the owner of the hotel, drinking coffee, talking about the situation, and all of a sudden I hear some screaming and I hear a truck winding up the mountainside. Suddenly, they let the back of the truck down and all the soldiers pile out and start chasing people around the hotel shooting them!

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Para militaires haïtiens en 2004

James  : J'ai passé les deux ou trois nuits suivantes à ramper sur les mains et les genoux écoutant le son des balles et des mitraillettes.

Pendant l'une de ces journées, je me suis rendu dans un hôtel où un grand nombre de mes amis habitaient. Je me suis assis sur la terrasse avec le propriétaire de l'hôtel, buvant du café, discutant de la situation. Et soudain, j'ai entendu des cris et j'ai vu un camion qui grimpait sur la route. Brusquement, ils ont ouvert le camion et tous les militaires sont descendus et ont commencé à poursuivre les gens autour de l'hôtel et à leur tirer dessus.

MM: Who were they chasing?

MM: Qui poursuivaient-ils ?

James: Just average Haitians. So the owner of the hotel and I wondered what the hell was going on. The two of us just stood up and went out and stood on the veranda with our hands on our hips watching this. And these guys went around and actually shot people, and went up on the side of the mountain, burned down people’s huts, and basically terrorized people.

 

James : Juste des Haïtiens ordinaires. Aussi, le propriétaire de l'hôtel et moi-même on s'est demandé ce qui se passait.

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Répression de la manifestation en hommage aux vicimes des 2 Duvalier à Fort-Dimanche en 1986

Tous les deux nous sommes allés dehors, debout les mains sur les hanches pour regarder. Et ces types sont allés dans le voisinage et ont tiré sur les gens, et ils sont montés sur la montagne, ont brûlé les cases des gens et , en gros, les ont terrorisés.

 

MM: Why were they doing that?

MM; Pourquoi faisaient-t-ils ça ?

James: Just to scare them. To let them know that the military is here; we’re in charge again; the Aristide movement is over; don’t even think about rising up or trying to get any power. What could I do? They acted as if the owner of the hotel and I weren’t even there. I was just a bystander.

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 Ex-militaires paradant dans les rues de Port-au-Prince en 2012

James : Tout simplement pour leur faire peur. Pour qu'ils comprennent  que les militaires étaient là; qu'ils avaient de nouveau le contrôle, que le mouvement d'Aristide était fini, qu'ils ne devaient même pas penser à se soulever ou à tenter d' avoir aucun pouvoir. Qu'aurais-je pû faire ? Ils ont agi comme si le propriétaire de l'hôtel et moi n'étions même pas là. J'étais un spectateur.

 

MM: You were safe. They weren’t going to attack you?

MM: Vous étiez en sécurité ? Vous n'aviez pas peur qu'ils vous attaquent ?

James: No. At this point I started to realize, well, there’s something going on here that I don’t understand.

James: Non. A ce moment j'ai commençé à réaliser que quelque chose se passait ici dont je n'avais aucune idée.

MM: What was that?

MM: Et c'était ?

James: Well, that’s when I realized that the military was on the side of the rich and that, as an American, I had nothing to worry about. And that was the case most of the time in Haiti.

 

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Villedrouin-Balmir, Handal, Martelly, Lamothe à l'inauguration dde l'hôtel Best Western

 

James: Bien, c'est quand j'ai réalisé que l'armée était du côté des riches et que, en tant qu'Américain, je n'avais rien à craindre. Et c'était généralement le cas en Haïti.
 

MM: Does the U.S. business community fear an uprising?

MM:La communauté US des hommes d'affaires craint-t-elle une révolte ?

 James: I don’t think the American business community has to worry about it as much, because they have got less to lose, they’ve got a place they can fly away to. It’s the Haitian business community that basically keeps the system in place.

Of course, if you’re an American businessman and you’re offered to become a part of this system where your risks are much lower than they are for the average Haitian businessperson but your profits are equal, of course you’re going to buy into the system. It’s a good deal. In Haiti, I was making about $800,000 or $900,000 a year. I lived in the lap of luxury, with a huge estate with gardens, gardeners, maids, cooks, laundry women. It was a lifestyle that would take me a lot more work to accomplish in the United States.

 

James: Je ne crois pas que la communauté des businessmen des US doive se faire du souci, parce qu'elle a moins à perdre et elle a un endroit où aller pour se réfugier. Ce sont les hommes d'affaires haïtiens qui, en gros, gardent le système en place.

Bien sûr, si tu es un homme d'affaires américain et qu'on t'offre de devenir membre de ce système où tes risques sont bien plus faibles que ceux de l'homme d'affaires haïtien mais que tes profits sont égaux aux siens, bien sûr que tu vas rentrer dans le système. C'est un bon deal. En Haïti, je gagnais 800 000 ou 900 000$ par an. Je vivais dans le grand luxe avec une énorme propriété, des jardins, des jardiniers, des bonnes, des cuisiniers, des blachisseuses. Un style de vie où il m'aurait fallu travailler beaucoup plus pour l'avoir aux USA.

 

MM: How profitable are the U.S. companies that have assembly operations in Haiti?

MM A quel point ces compagnies qui font de  l'assemblage en Haïti sont rentables ?

 

James: These companies benefit from Caribbean Basin Initiative tax incentives for companies that import materials from the United States and then process them in Haiti and send them back. And of course being able to take advantage of the labor costs in Haiti is very advantageous. As far as the profits they take out, I would only be speculating.

 

James : ces compagnie bénéficient du Bassin caribéen d'initiative qui  propose des incitations d'exonérations de taxes pour les entreprises qui importent du matériel des USA, puis les assemblent en Haïti et les renvoient aux USA. Et bien sûr d'être capable de tirer bénéfice du coût du travail est très avantageux.Concernant leur profit, je ne pourrais que spéculer.

The problem for these companies is the political situation and the instability. Companies are not willing to invest a lot in setting up a manufacturing plant in Haiti for the very reason that happened a couple years ago. You have a coup, and all of a sudden you don’t know whether there’s going to be an embargo placed on you or what. If you have orders to fill, people don’t like to hear that you’re in Haiti, because if they’re going to make a contract to sell these certain products, they want to make sure you’re going to be able to deliver. So this is a big problem for Haiti and a big obstacle as far as having any long-term investment in manufacturing.

 

James : Le problème pour ces compagnies est la situation politique et l'instabilité. Les compagnies n'ont pas envie d'investir dans des ateliers d'assemblage en Haïti à cause de ce qui est arrivé il y a deux ans. Vous avez un coup d'Etat, et soudain vous ne savez pas s'il va y avoir un embargo ou quoi. Si vous avez des commandes à remplir les gens n'aiment pas entendre que vous êtes en Haïti, parce que quand ils font un contrat, ils veulent être sûrs que vous pouvez le remplir.

Ainsi, il s'agit d'un grand problème pour Haïti et un grand obstacle pour des investissements à long terme dans l'industrie.



MM: So most of the foreign investment has been for light assembly that goes in and out?

MM Donc la majorité des investissements étrangers se sont portés sur une industrie légère d'assemblage, qui rentre et sort  quand elle veut?

James: They have made a very low investment because they have portable machinery that they can pack up and pull out any time things start to get a little hot.

 

James : Ils ont fait de très faibles investissements parce qu'ils ont des machines transportables qu'ils peuvent emballer et repartir avec à n'importe quel moment où la situation tend à devenir chaude.

 

MM : The U.S. Agency for International Development [USAID] did a report a few years ago where it talked about the importance of the low wages as a big advantage for U.S. companies. How can you beat $5 a day in wages?

 

MM : L'USAID a fait un rapport il y a quelques années dans lequel elle parlait de l'avantage des bas salaires pour les entreprises US. Comment peut t-on faire mieux que 5$ par jour de salaire ?

MM: Do you think the U.S. firms feel they have a stake in maintaining that system?
 

MM: Pensez-vous que les compagnies américaines participent au maintien du système ?


 James: I would imagine that there are reasons why the Americans would want to keep that system in place. One being the cost advantage. Another that they provide fruits and other commodities at very low prices. If their wage costs start rising, then the costs of their products are going to start rising and all of a sudden mangoes cost a lot more money in Florida.

 James : Je peux imaginer qu'il y a des raisons pour lesquelles les Américains voudraient garder ce système. L'une est l'avantage du coût. L'autre est qu'il  permet de fournir des fruits et d'autres produits à des prix très bas. Si le prix des salaires montent, le prix de leurs produits va augmenter et soudain les mangues seront plus chères en Floride.

 

MM: Do you think the U.S. government fears a possible uprising?

MM: Pensez-vous que le gouvernement US craint une possible révolte ?

 James: An uprising of the peasant majority? There’s no way that the Haitian peasants can rise up. You have one section of the black population which is now aligned with and making money with the rich. Not much, but more than they could make as a farmer cutting mangoes. So now they have a gun and are in control. They’re making a few bucks. The rich tell them to go out and take down some village, shoot up a couple of people, chop their face off, leave them in the street, and they’ll do it. 

James : Une révolte de la majorité paysanne ? Il n'y a aucune possibilité qu'un paysan haïtien puisse se révolter.

 

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Ex-militaires et leur chef paradant dans les rues de Port-au-Prince en 2004

Vous avez une partie de la population noire qui s'est maintenant alignée avec les riches et qui fait de l'argent avec les riches.

 

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Députés haïtiens et leur mentor  à Washington en 2012

 

Ils ne font pas beaucoup d'argent. Mais plus qu'ils ne feraient en tant que fermiers cueillant des mangues. Alors, maintenant, ils ont un fusil et dominent. Ils font un peu d'argent. Les riches leur disent d'aller dans un village, de tirer sur quelques personnes, de taillader leurs visages et de les laisser dans la rue, et ils iront le faire.
 

MM: How might U.S. intervention work to keep a lid on the situation?

MM : Comment les USA interviennent pour garder le pouvoir sur la situation ?

 James: Whether or not the United States wants to prevent the Haitian population from rising up, I think they should align themselves, or at least work with, the military. Try to separate the police force from the military so that there is some type of civilian protection. They should try not to go in as the aggressors who are trying to wipe out the military, but to go in and say “we’re here to retrain the army; we’re here to work with the army.”



 

Vue de l'intérieur de l'élite des affaires en Haïti ( avec ma traduction en français)  (mis à jour)

James : Que les USA veulent ou ne veulent pas empêcher les Haïtiens de se soulever, je pense qu'ils devraient s'aligner sur les militaires ou au moins travailler avec eux. Essayer de séparer la police de l'armée de manière à ce qu'il y ait une sorte de protection du civile. Ils devraient essayer de ne pas arriver comme les agresseurs qui essaient de balayer l'armée, mais y aller en disant "nous sommes  ici pour entrâiner l'armée, pour travailler avec l'armée."
 

MM: Did you have a sense of how the U.S. embassy or U.S. business people felt about Aristide’s coming to power, and the whole popular movement?

 
MM. Avez-vous une idée de la manière dont l'ambassade US et les hommes d'affaires US ont perçu l'arrivée au pouvoir d'Aristide et l'ensemble du mouvement populaire.


James: I think there was worry about how far Aristide was pushing, especially for a minimum wage, trying to set up a social security system, things like this.

 

James : Je pense qu'ils étaient inquiets de savoir jusqu'où irait Aristide, particulièrement par rapport au salaire minimum et le projet d'un système de sécurité sociale et d'autres choses de ce genre.

When Aristide first came in he said, “There’s going to be a mandatory $5 minimum [daily] wage, everybody has got to do it.” It was just so outlandish that nobody even took it seriously. You figure the average Haitian probably makes about 20 dollars a month, so you’re talking about five dollars a week to five dollars a day!

 

James : Quand Aristide est arrivé au début, il a dit " Il y aura une obligation de salaire minimum de 5$ dollars par jour, tout le monde devra le faire." C'était tellement éloigné de la réalité que personne ne l'a pris au sérieux. Imagnez-vous que l'Haïtien moyen gagne environ 20$ par mois et que vous êtes entrain de proposer de passer de 5$ dollars par semaine à 5$ dollars par jour !

 

MM: What impact would that have on the way the Haitian economy works?

MM: Quel impact cela aurait eu sur la manière dont fonctionne l'économie haïtienne ?

James: For the average worker, it would have increased their wages, so income would have increased. The effect on the economy would have been inflationary because the businessman is not going to settle for not making enough money. All prices would increase relative to the currency exchange. It would have balanced out ultimately, but the initial impact would have been a strain on the businessman.

 

James : Pour le travailleur moyen, son salaire  augmentant  ses revenus auraient fait de même. L'effet sur l'économie aurait été l'inflation, parce que les hommes d'affaires ne vont pas s'installer pour ne pas faire assez d'argent. Tous les prix auraient augmenté en fonction du change. Ca serait équilibré par la suite, mais  le premier  effet aurait été une pression sur les hommes d'affaires.

 

MM: What kind of profits do local business people usually make?

MM: Quels types de profits font les hommes d'affaires locaux généralement ?

James: I would say the average retailer will make something like a 60 percent profit. As far as importing and then distributing, a lot depends on the currency exchange. Right now [during the embargo], profits may be as high as 400 percent — that’s just the law of supply and demand. When you have sanctions that are limiting the supply, of course your prices are going to increase.

 

 

 

James : Je dirais que le commerçant lambda fait quelque chose comme 60% de bénéfices. Quand il s'agit d'importer et de distribuer, cela repose beaucoup sur le taux de change.

Actuellement (pendant l'embargo) les profits peuvent être aussi élevés que 400%- c'est juste la loi de l'offre et de la demande. Quand vous avez des sanctions qui limitent l'offre, les prix grimpent, c'est évident.

 

So Aristide, I think, had some ideal things he wanted to accomplish, but he just moved too fast. He didn’t consider the establishment that had been in place for 200 years, and out of his frustration he started making very passionate and radical speeches about how to break down the economic system that was in place. And, unfortunately, he pushed too far.

 


James : Aussi, je  dirais qu'Aristide, je pense avait  des idéaux qu'il voulait accomplir, mais il a avancé trop vite. Il n'a pas pris en considération une structure en place depuis 200 ans, et du fait de sa frustration, il s'est mis à faire des discours très passionnés et radicaux sur la manière dont il fallait casser le système économique en place. Et malheureusement, il a poussé le bouchon trop loin.



MM: What was the overall business objection to social security?

MM Quelle était l'objection principale du monde des affaire à la mise en place de la sécurité sociale ?

 James: My own personal fear was that I didn’t know how long this government would last, so I didn’t want to start putting money into a fund that could disappear and then wonder who’s getting all the money when the next coup takes place. I told government officials who asked for social security payments that I wasn’t going to pay into it, that I’d rather give my workers extra money every week.


James: Ma propre crainte était que je ne savais pas combien de temps le gouvernement allait tenir. Donc je n'avais pas envie de  mettre de l'argent dans un fond qui pourrait disparaître et me demander qui  prendrait tout l'argent quand un prochain coup d'Etat arriverait. J'ai dit aux officiels du gouvernement qui m'ont demandé  l'argent pour la sécurité sociale que je ne paierais pas, et que je préférais donner à mes employés un supplément d'argent  chaque semaine.

MM: Did many businesses react that way?
MM: Est-ce qu'ils ont été nombreux les hommes d'affaires à réagir comme vous ?


James: I think there were probably some that had more pressure on them than I did, especially if they were Haitian run. Because I was an American, because I was white — it sounds pretty arrogant — I could basically call whatever shots I wanted just because of the color of my skin and my eyes. I could say: “No, I’m not doing it.”

 

James : Je pense que quelques-uns ont eu droit à plus de pressions que moi. Particulièrement s'ils étaient Haïtiens.

Parce qu'en tant qu'Américain, parce que Blanc - ça paraît arrogant de le dire- je pouvais faire ce que je voulais à cause de la couleur de ma peau et de mes yeux. Je pouvais dire : "Non, je ne le fais pas."

 

MM: Even when it comes to paying a tax?

MM Même lorsqu'il s'agit de payer un impôt ?

James: Yes, yes, and I didn’t do it. no.

James: Oui, oui, et je ne l'ai pas fait


SOURCES http://multinationalmonitor.org/hyper/issues/1995/01/mm0195_10.html

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