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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Sentinelle du peuple, Les familles et groupes économiques qui contrôlent les richesses et la politique du pays (4e partie)

Publié par siel sur 30 Novembre 2010, 10:20am

Catégories : #AYITI ACTUALITES


                                ***LA SENTINELLE DU PEUPLE***
                La Sentinelle est devant, elle éclaire le chemin de la libération du peuple

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Editorial

Sentinelle salue tous les amis et camarades et les encourage à avoir beaucoup d'énergie dans cette période difficile que traverse le pays.
En ce mois d’octobre, Haïti se trouve confronté à trois périls : une caricature de campagne électorale, le renouvellement du mandat de la MINUSTAH et l’épidémie de choléra qui s’étend dans l’Artibonite et le Plateau central.
La communauté internationale, l’oligarchie, le pouvoir en place et les mafias qui se trouvent derrière lui ont mis en branle toutes leurs forces et une grande partie des moyens dont ils disposent pour imposer
au pays leur élection-sélection. Ils savent bien comment ce type d’exercice va diviser la société et leur permettre de la placer davantage encore sous leur coupe ! Si les patriotes et les progressistes n’unissent pas leurs forces pour essayer d’organiser les ouvriers, les paysans, les chômeurs, les étudiants, les enseignants, les petit(e)s marchand(e)s et plus généralement les couches populaires, afin de construire un outil politique adéquat, le pays continuera toujours à subir les dégâts provoqués par ces périls et ces calamités. Il n’y a pas d’autre solution : seul un Etat national,
démocratique et progressiste pourra retirer le pays des griffes de l’impérialisme, de l’oligarchie et des politiciens serviles.

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°°°°°°°I. Une élection-sélection qui a tous les défauts, mais que l'on veut tenir à  n’importe quelles conditions dans un Etat en décomposition

    1.1 Une élection absolument bidon ! Où tous les coups sont permis !

La campagne électorale en vue de la sélection a démarré à la manière des préparatifs d’une guerre civile ouverte. Le pouvoir L’Espoir-Unité s’est divisé en cinq morceaux : la majorité s’est placée derrière Jude Célestin ; une partie importante a suivi Jacques Edouard Alexis ; une petite poignée joue les figurants derrière Yves Cristalin et le peu qui reste est allé rejoindre Leslie Voltaire. Les responsables de chaque camp distribuent des armes à leurs partisans à travers le pays.
Diverses branches de Fanmi Lavalas se rassemblent derrière Jean Henry Céant et commencent également à fourbir leurs armes avec la bénédiction de Jean-Bertrand Aristide. Sur le terrain, la confrontation a déjà commencé et chaque camp compte des victimes dans ses rangs.

Au début de l’année, le pouvoir a permis qu’une bande de kidnappeurs et de criminels s’échappe de prison ; mais cela ne l’a pas empêché d’organiser, au mois d’octobre, l’évasion des quelques autres assassins qu’il avait encore au Pénitencier national pour qu’ils aillent se mettre au service des candidats de l’Unité. Les grands narcotrafiquants se sont eux aussi répartis en six groupes : dans leur majorité, les plus importants et les plus puissants ont rejoint Préval-Célestin et les autres, peu nombreux, sont allés soutenir les autres candidats de L’Espoir-Unité et de Lavalas dont nous avons parlé plus haut.

L’oligarchie se place en position de combat derrière sept candidats présidentiels : presque tous sont avec Préval-Célestin ; certains appuient Alexis, Manigat ou Baker, tandis que quelques-uns financent Céant et Martelly.

C’est la première fois, dans une élection en Haïti, que les candidats du pouvoir utilisent dans de telles largeurs les voitures et le carburant de l’Etat ; c’est la première fois aussi qu’autant d’argent provenant de la drogue, du crime et de la corruption est dépensé d’une telle manière. Préval-Célestin dispose de plus de 33 millions de dollars américains. Alexis et Céant sont l’un comme l’autre en mesure de dépenser jusqu’à 5 à 10 millions de dollars ; Manigat et Baker, de leur côté, peuvent aller jusqu’à 2 à 4 millions de dollars. C’est pourquoi, à la radio comme à la télévision, et ce quelle que  soit la station, on ne diffuse que de la publicité pour ces candidats.

C’est pour cela aussi que dans tout le pays, les rues sont toutes salies par les panneaux, les affiches et les portraits de ces candidats. La population subit un véritable matraquage médiatique pour fabriquer un consensus  et amener la majeur partie de l’électorat à accepter un de ces criminels, un de ces pillards, ou bien un de ces petits domestiques.

Les magouilles et le gaspillage d’argent sale dans ces sélections aboutissent à ce qu’une attitude « électoraliste » se répande dans tout le pays et dans toutes les couches sociales. Quatre plateformes politiques qui luttaient pour le boycott de la sélection ont perdu le contrôle de leurs candidats. On observe les mêmes dégâts dans les organisations sociales opposées au pouvoir et à la tutelle internationale : leurs candidats se glissent à leur tour dans la mascarade. Sentinelle s’adresse au peuple pour lui rappeler à nouveau que ces élections bidon sont un piège, un nœud coulant, mis en place pour maintenir le pays entre les griffes des mafias et pouvoir le piller encore plus facilement.


    1.2 Pendant que souffle le vent de la tempête électorale, la décomposition de l’Etat se poursuit et la reconstruction frauduleuse marque des points.

Cela fait plus de vingt ans que le plan néolibéral imposé à Haïti par la communauté internationale déstructure l’économie et la société. Les catastrophes naturelles qui frappent le pays tous les deux ou trois ans contribuent également à le ravager. Comme si cela ne suffisait pas, la « correction démocratique » que les Nord-américains et l’oligarchie ont imposée avec le coup d’Etat de 1991 leur ont permis de transformer le régime populiste de Lavalas en un pouvoir sans scrupule qui n’hésite pas à détruire le peu qui restait d’Etat. Parmi les dix-neuf candidats à la présidence et les partis politiques qui se sont embarqués dans les élections-sélections, pas un seul ne propose un projet de société ou un plan sérieux pour freiner l’effondrement que nous vivons.

La MINUSTAH a passé six ans dans le pays sans rien régler, ni pour l’Etat ni pour la population. Et pourtant, le Conseil de sécurité de l’ONU peut à nouveau se permettre de renouveler son mandat pour un an, dans la discrétion et sans rendre des comptes. Cela est rendu possible par la faiblesse des forces sociales et politiques d’Haïti. La MINUSTAH représente une tutelle empoisonnée pour la société. Après le renouvellement de son mandat, la mauvaise gestion sanitaire des troupes arrivées des pays d’Asie et cantonnées à Mirebalais a provoqué une épidémie de choléra, qui a éclaté dans l’Artibonite et le Plateau central. D’après les chiffres officiels, à cette heure, plus de 6000 personnes sont tombées malades et plus de 400 sont déjà mortes. Si le choléra arrive dans le département de l’Ouest et à Port-au-Prince, plus de 700 000 personnes risquent d’être infectées et 30 000 pourraient perdre la vie. Le comportement irresponsable de la MINUSTHA, qualifiée à juste de titre de « turista », nous montre combien il est nécessaire que les patriotes fassent de leur mieux pour mettre leurs divergences de côté et travailler avec les masses populaires afin de mettre sur pied un véritable instrument politique pour prendre le pouvoir et instaurer dans le pays l’Etat national, démocratique et progressiste.

Dans le cadre de l’exécution du plan Préval-Clinton, le gouvernement a signé au mois de septembre un accord avec la Fondation Prince Charles. Elle est chargée d’étudier l’aménagement du nouveau Port-au-Prince qui va s’étendre de la rue Saint-honoré à la rue des César, sur 155 carreaux pour commencer. Pour mener à bien ce projet, la fondation de ce prince britannique est associée à la firme américaine Duany Plater-Zyberk, basée à Miami et Washington. L’Etat haïtien a payé à cette fondation 295 000 dollars américains et lui donne l’autorisation de rechercher la somme d’argent supplémentaire dont elle a besoin pour terminer l’étude. On voit bien quels avantages très lucratifs la reconstruction apporte aux grandes puissances internationales. Dans leur pays, les bureaux d’étude se font beaucoup d’argent sans avoir aucune compétence à transmettre à l’Etat et aux bureaux d’étude haïtiens. En outre, ils ont accès à toutes les informations confidentielles sur le pays et les projets ; ils peuvent ensuite les communiquer aux grandes compagnies multinationales de leur pays disposées à installer un business en Haïti et à payer, si nécessaire, de fortes sommes d’argent à l’oligarchie pour qu’elle se retire des secteurs convoités.

Toujours au sujet de cette prétendue reconstruction pourrie, l’Etat haïtien a annoncé au mois d’octobre que la population de Cité-de-Dieu et de Cité L’Eternel avait deux ans pour quitter la zone ; il a également commencé des tractations avec les familles sinistrées de quelques camps importants de Port-au-Prince afin qu’elles déguerpissent en échange de 30 000 gourdes. Le tremblement de terre aservi de prétexte pour précipiter le pays sous le joug d’une tutelle bien amère ; aujourd’hui on divise le pays avec une sélection-mascarade, tout en lui faisant miroiter une prétendue reconstruction importée, avec l’objectif de le faire tomber dans une nouvelle forme de colonisation que la communauté internationale est en train d’établir.

 

II. Les familles et groupes économiques qui contrôlent les richesses et la politique du pays (4e partie).

En Haïti, les classes dominantes sont des assassins socio-économiques.
Lorsque leurs intérêts et leurs affaires sont en jeu, on ne plaisante plus : elles tranchent, elles arrachent, elles complotent et elles tuent.

Et c’est bien pourquoi elles ne veulent mettre au pouvoir que des assassins politiques.
Même si nous entendons parler de ces fondations humanitaires dénommées SOGEBANK, UNIBANK, Françoise Canez Auguste, Lucienne Deschamps ou Bernard Mevs, proclamant qu’elles aident à la construction d’écoles et à la création d’hôpitaux, ou qu’elles donnent des bourses d’étude etc, nous savons que tous ces gens là portent des masques pour tromper la population. Les patriotes conséquents savent bien que ce sont des paravents que l’oligarchie utilise pour dissimuler l’exploitation, le vol et le racket qu’elle exerce sur le dos de la population.
L’oligarchie a pour habitude d’utiliser le système des fondations afin de demander des franchises douanières pour leurs marchandises. Ces familles se servent également des fondations pour demander aux agences de coopération de l’aide alimentaire, des vêtements et du matériel de seconde main, ainsi que l’appui financier, tout cela au nom de la
population.

La SOGEBANK utilise la SOGESOL pour demander de l’argent à une agence de financement telle que la SFI afin, dit-elle, de pouvoir fournir du micro crédit à bon marché pour combattre la misère. UNIBANK utilise la même tactique pour trouver de l’argent auprès de la Banque mondiale.
Tous ceux qui connaissent les règles de l’arithmétique savent que la SOGESOL et toutes les autres sociétés de micro crédit telles que FONKOSE, MCN (UNIBANK) et ACME (Capital Bank), ont un comportement d’usurier envers la population et en général les personnes qui font du petit commerce ou qui ont d’autres petites affaires. Dans les prêts de micro crédit, plus particulièrement, pour les frais de dossier, elles demandent un pourcentage de 6 %, auxquels s’ajoutent 4 % d’intérêt mensuel. Ce qui fait déjà 54 % sur un an. Et pour chaque jour de retard, il y a une pénalité à payer ; ce qui fait que, finalement, vous avez à payer un pourcentage exorbitant qui atteint facilement 60 à 70 % sur une année.

Kesner Pharel (Radio Métropole), Pierre Marie Boisson (SOGEBANK) et Charles Castel, le gouverneur de la BRH, font de la propagande et tressent des louanges pour le système de micro crédit qui, selon eux, injecte six milliards de gourdes dans l’économie et donne du travail à 250 000 personnes. Eh bien, non ! C’est du bluff ! L’objectif est de pouvoir doter leur système d’exploitation d’un nouvel instrument.
Après être entrés dans le micro crédit, c’est la misère, la frustration et les pressions qu’endurent les petits commerçants.
FONKOZE fait arrêter plein de gens à Bokozèl, dans l’Artibonite. ACME et SOGESOL lancent régulièrement la Justice aux trousses des personnes qui n’arrivent pas à payer et font saisir le peu de biens qu’elles possèdent.

C’est finalement au profit de groupes économiques de l’oligarchie (Nadal, Moscosso, Baussan, Mevs, Brandt) que ces malheureux et malheureuses se tuent à la tâche. C’est la raison pour laquelle toutes les banques se mettent au micro crédit ; en effet, elles y réalisent de grandes marges de profit et de gros pourcentages sur le dos des pauvres. Sur les six milliards de gourdes, les banques et les autres institutions de micro crédit font chaque année une marge brute
supérieure à 1,5 milliard de gourdes. En outre, le micro crédit tel qu’il est pratiqué ici ne permet pas le développement de la production nationale. Ce sont les grands commerçants vendant des aliments et d’autres produits importés qui bénéficient des six milliards de gourdes ; en revanche, après un ou deux ans, 250 000 personnes ayant emprunté une partie de cette somme doivent prendre la fuite.

Voici une nouvelle partie de la liste des grandes familles qui pillent les richesses du pays.

13 – La famille Auguste. Ce sont des grands propriétaires terriens qui viennent du Nord. Ils possèdent une des plus grandes maisons de commerce du pays : Valerio Canez. Ils possèdent un musée qui, en fait, est une grande boîte de nuit, le Parc historique de la canne à sucre.
Ils sont actionnaires de l’UNIBANK. Ils sont membres du CLED. Ils prennent part à toutes les décisions importantes prises dans le pays.
Ils font partie des familles qui complotent avec l’ambassade américaine. Ils possèdent plusieurs centaines de carreaux de terre dans la commune de Tabarre. Leur grand-père, Tancrède Auguste, qui en 1900 était ministre de Tiresias Simon Sam, n’hésita pas à piller les caisses de l’Etat avec toute une bande de gredins sans scrupule. Ils furent condamnés pour vol lors du « procès de la consolidation ». Cela n’a pas empêché Tancrède Auguste et quatre autres voleurs condamnés pour corruption à accéder l’un après l’autre à la  présidence d’Haïti : pour en arriver là, ils ont monté de grands complots politique, ont recouru sans hésiter à la violence, et allèrent même jusqu’à faire faire sauter le palais national. Voici donc une famille d’assassins socioéconomiques, de voleurs, de consolidards (fraudeurs) et de pillards qui a l’insolence de créer une fondation à but humanitaire avec l’argent du peuple.

14 - La famille Behrmann Ils ont commencé à vendre en Haïti des voitures et des camions Ford à partir de 1953, du temps de leur père, Carl Behrmann. Ils ont été liés au pouvoir duvaliériste de 1957 jusqu'aux années 80. Ils étaient d'abord installés au bas de la ville et ont ensuite migré vers la route de l'aéroport, où leurs locaux se trouvent maintenant. En plus de la compagnie Ford Ils représentent en Haïti d’autres firmes d'automobile telles que KIA, AUDI, MITSUBISHI et Volkswagen. Tous ceux qui ont possédé un camion ou qui ont été chauffeurs savent bien que les Behrmann sont une famille de grands voleurs et d'exploiteurs. Ils vendent les pièces détachées à un prix exorbitant et ils gonflent tellement les factures que chez eux les réparations se terminent toujours en scandale et en bagarre avec les clients. Frantz et Erick Behrmann sont maintenant richissimes. Ils sont actionnaires de la SOGEBANK, ils ont mis en place plusieurs usines d'assemblage pour se procurer des dollars américains sur le dos des ouvriers et des ouvrières. Ce sont des comploteurs accoutumés à financer des criminels. En mars 1989, le sénateur américain Walter Fauntroy a publié un rapport sur les malversations dont ces hommes sans scrupule sont coutumiers.

15 - La famille Cassis Ces grands commerçants sont dans l'import-export depuis plus de 60 ans. Le père, Elis Cassis, a été consul de jordanie. Il était lié à François Duvalier, Henri Siclait et Clemard Joseph Charles. Ils ont le monopole de plusieurs produits alimentaires tels que le V8, le lait en boîte, le hareng saur. Ils sont en compétition avec la famille Nadal. Ils sont actionnaires de la banque BUH. Ils ont commercialisé le sisal (1980) en partenariat avec Marie Denise Duvalier, qui leur donna les plantations Dauphin. Ce domaine, sur lequel poussait du sisal, comportait plusieurs milliers de carreaux de terre situés dans le département du Nord-Ouest. Les habitants des zones de Limonade, Trou-du-Nord et Ouanaminthe se rappellent que des plants de marijuana (de la drogue) poussaient sous le sisal. Très souvent, de curieuses transactions se déroulaient près du Port Dauphin, au bord de la mer. La famille Cassis était puissante sous le régime duvaliériste, et c'est à cette époque qu'ils ont commencé à amasser tous les millions qu’ils possèdent.

Ce sont ces voleurs qui dirigent les banques et le système de micro crédit. On comprend donc mieux maintenant pourquoi ils pratiquent des taux usuraires avec la population. Cet Etat là ne défend que les intérêts d'une petite clique de familles de l'oligarchie. C'est un Etat-cartel. Aujourd'hui, ce dont nous avons besoin, c'est au contraire d'un Etat national démocratique et progressiste qui agisse pour réorganiser au mieux l'économie du pays, dans le domaine du crédit comme dans celui du système de production et de commercialisation, afin de protéger les intérêts de la nation et ceux
de la population tout entière.

 

 

III. Des organisations pour développer le secteur paysan ou pour qu’il tombe dans la léthargie ?°°°°°

    3.1 Histoire des organisations paysannes en milieu rural de 1950 à aujourd'hui.

Les dégâts provoqués par les mauvais programmes agricoles entrepris à partir de la première occupation américaine et les destructions résultant du passage de cyclones durant les années 50 et 60 allaient donner l'occasion à de nombreuses institutions d'Eglise d'apporter aide et assistance aux victimes en milieu rural. Mais ces actions humanitaires n'allèrent pas tarder à devenir des activités de développement basées sur l'assistance. Pour réaliser ces activités,
ces institutions mirent sur pied, avec le concours de l'Etat, une série d'organisations nommées Conseils d'action communautaire, qui se structurèrent à travers tout le pays. Ces organisations servirent surtout au gouvernement Duvalier, qui en fit un instrument pour contrôler la population en milieu rural. Elles permirent également aux spéculateurs [en denrées], aux agronomes, aux agents agricoles et aux grands propriétaires d'obtenir la construction de routes, en échange d'aide alimentaire, afin de faciliter la circulation, entre les mornes et l'oligarchie installée en ville, des denrées telles que le café et le cacao.

Du milieu des années 70 au début des années 90, avec le mouvement de la théologie de la libération et le travail d'animation mené par diverses institutions protestantes et laïques, on vit se développer en milieu rural une autre forme d'organisation, les groupements paysans.
Ce type d'organisation rassemble les paysans moyens, les petits paysans et les paysans pauvres d’une même localité. Bien que le niveau d'analyse et de réflexion sur la manière de s’opposer à la dictature fût en général faible, l'Eglise catholique, à travers les prêtres et les directeurs de chapelle, établit, aux côtés des Eglises protestantes, un contrôle serré sur ces organisations. C'est également cette dynamique qui facilita la mise en place à l'échelle nationale de quelques grandes organisations paysannes à la fin des années 80.

Avec l'affaiblissement des instruments de répression et une libération plus grande de la parole après le renversement du régime duvaliériste, de nombreux groupements de femmes, de jeunes et de producteurs de produits spécifiques commencèrent à se former en milieu rural.

      3.2. Un problème fondamental s’est posé avec les diverses générations d'organisations paysannes

Depuis 50 ans, le milieu rural a connu de nombreux modèles d'organisation, mais ils ont tous un point important en commun: leur mise en place n'a pas résulté de la volonté de paysans vivant dans les diverses localités ; l'idée de constituer une organisation est toujours venue de l'extérieur, que ce soit du côté des Eglises, des ONG, du pouvoir en place ou bien des dirigeants politiques en période électorale. Elles reposent toutes uniquement sur l'aide financière venant de l'étranger. En outre, la majorité d'entre elles tourne le dos à la culture du pays. La structure de ces organisations est souvent très verticale et elles ne sont pas basées sur des pratiques et des principes démocratiques.

La façon dont ces organisations se mettent en place ne leur permet pasde réfléchir et de rechercher des solutions concrètes concernant une série de problèmes qui hantent les paysans, tels que le foncier, la dépendance du milieu rural par rapport aux villes, la justice, la défense de leurs droits et de leurs intérêts ; cela ne permet pas non plus  de réfléchir à l'organisation de mobilisations contre l'exploitation subie par les paysans.

Voici quelques-unes des leçons les plus importantes que l’on peut tirer aujourd’hui de l’expérience des différentes générations d’organisations qui se sont succédées dans le milieu rural :

-    il est nécessaire que les cadres qui travaillent dans le milieu se concertent pour arriver à établir un modèle d’organisation qui corresponde à la réalité concrète, qui fonctionne sur une base démocratique, qui défende les intérêts des paysans et les valeurs culturelles du milieu rural ;
-    prendre le temps nécessaire pour que l’organisation soit bien implantée dans le milieu et travailler à obtenir la confiance de la communauté en l’encourageant à développer et à protéger ses ressources tout en exigeant de l’Etat qu’il prenne ses responsabilités ;
-  rompre avec la mauvaise pratique consistant à imposer aux paysans une série de structures organisationnelles qu’il leur est difficile d’assumer. Il faut agir pour que le secteur paysan ne reste pas sous l’aile des ONG internationales et des églises.
-     dans leur travail, les cadres professionnels les plus conscients doivent viser à faciliter l’éclosion de cadres paysans, ce qui est un moyen pour que le milieu rural ait ses propres ressources.

Toutes ces leçons doivent contribuer à aider les paysans à lancer dans différentes régions du pays des dynamiques d’organisation qui, au cours de leur évolution, devront rattacher les réalités régionales à la réalité au niveau national. Ce travail demande de la part des cadres travaillant en milieu rural qu’ils ne se considèrent pas comme de simples techniciens, mais aussi comme des militants enfants du pays : ils décident de lui rendre, par l’intermédiaire du secteur paysan, la contribution qu’il ont reçue de lui pour leur formation professionnelle.


            A bas l’occupation déguisée en tutelle !
    A bas les élections bidon ! A bas le pouvoir servile de Préval !
      Vive la mobilisation de longue durée pour la libération du peuple !


Sentinelle du peuple
Octobre 2010

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