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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Total control: Big Business, agrocombustibles et PGM

Publié par Elsie HAAS sur 28 Septembre 2007, 19:09pm

Catégories : #ECONOMIE

J'en profite pour vous signaler l'adresse de ce site particulièrement intéressant dans le domaine de l'économie, un sujet à ne pas négliger ces temps-ci. Vous n'êtes pas sans savoir que la crise du dollar est un des indicatifs d'une crise grave de l'économie occidentale. Une affaire à suivre de près chez : www.alterinfo.net

La vague des agrocombustibles continue d'avancer, non parce qu'elle est bonne pour l'environnement ou apporte quelque solution au changement climatique global - de fait elle ne va que le faire empirer- mais parce que les industries les plus puissantes de la planète y voient une source de profits juteux et en plus elles obtiennent que beaucoup de gouvernements les appuient avec des lois et des subventions. Les principales intéressées sont les entreprises automobiles (qui espèrent qu'avec le nouveau combustible les gens vont être obligés de changer de voiture), pétrolières (qui contrôlent le système de distribution de combustibles), celles qui contrôlent le commerce mondial de grains (elles gagneront beaucoup à l'augmentation de la demande d'agrocombustibles, ainsi qu'avec la hausse des prix des aliments qui devront concurrencer ceux-ci) et les transnationales productrices de PGM (plantes génétiquement modifiées/manipulées, pour reprendre le terme proposé par Jacques Testart, qui le juge plus exact que celui d'OGM, NdR).

Les autres secteurs qui feront des affaires avec les combustibles agroindustriels sont les grandes transnationales forestières et de cellulose (Stora Enso, Aracruz, Arauco, Botnia, Ence, etc.) qui aujourd'hui produisent pour l'industrie du papier, mais qui avec un minimum de changements technologiques, peuvent se transformer en usines de traitement d'éthanol. De même les fabricants industriels d'aliments pour poulets et bétail, comme Tyson Foods, ont passé des alliances avec les pétrolières (dans le cas de Tyson, avec Conoco-Phillips) pour la fabrication de biodiesel à partir de graisse animale.


AUTEUR: Silvia Ribeiro

Traduit par Gérard Jugant, révisé par Fausto Giudice


 
Total control: Big Business, agrocombustibles et PGM
 

Pourquoi l’intérêt des transnationales de PGM ? D’abord, parce que ce sont pratiquement les mêmes qui contrôlent la majorité de la vente de toutes les semences commerciales. Actuellement, toutes les semences génétiquement modifiées qui se plantent commercialement dans le monde sont contrôlées par Monsanto (à presque 90%), Syngenta, Dupont, Bayer, Dow et BASF. En même temps, les trois premières, à savoir Monsanto, Syngenta et Dupont, représentent 44% de la vente de semences brevetées dans le monde. Si elles parviennent à consolider de nouvelles niches de vente qui "nécessitent" ses semences brevetées, elles augmenteront leurs profits et leur contrôle sur les semences-clé de toute la chaîne alimentaire humaine et animale – en débarquant dans un autre secteur clef : les combustibles.

Toutes les transnationales qui contrôlent les PGM ont fait des investissements en recherche et développement sur les combustibles agro-industriels. La majorité sur des cultures transgéniques avec un contenu principalement oléagineux, mais aussi sur des enzymes et bactéries transgéniques, qui seraient incorporés aux cultures ou aux arbres, pour accélérer le traitement post-récolte.

Ces transnationales gagnent déjà beaucoup avec l’expansion des agrocombustibles, par exemple avec l’augmentation dévastatrice de la zone de soja génétiquement modifié dans le Cône Sud et dans tout le Brésil, et avec l’augmentation du maïs transgénique aux USA. Sous le couvert des agrocombustibles ou dans certains cas en combinant fourrage et combustibles, elles espèrent introduire sur le marché de nouvelles semences manipulées génétiquement. Des semences qui, bien sûr, ne pourront pas obtenir l’approbation des agences régulatrices si elles sont pour l’alimentation humaine, introduisant ainsi de nouveaux risques avec la contamination de cultures et de grains utilisés pour la consommation humaine.

Mais surtout, cette poignée de transnationales qui dominent le marché global des semences, vise à s’emparer de plus de portions du marché déjà existant, en même temps que s’étendre chez les petits agriculteurs qui actuellement utilisent peu ou pas de semences commerciales, mais qui avec l’appât de contrats pour semer des agrocombustibles, commenceraient à le faire.


Renessen (Monsanto + Cargil) propose une variété de « soja à haute valeur » baptisé Mavera qui, dit la publicité destinée aux agriculteurs argentins, « produit plus de dollars à l’hectare »…

Tout cela donne lieu à de nouvelles et puissantes alliances d’entreprises. Par exemple, Monsanto et Dow viennent de signer un accord pour créer des semences transgéniques de maïs qui combineraient dans la même plante la résistance à huit herbicides et en plus seraient insecticides. Cela reflète en partie leur reconnaissance que les semences transgéniques génèrent la résistance aux herbicides et que par conséquent il faut en utiliser toujours plus. Et s’ils ne sont pas pour l’alimentation humaine, on pourra faire des herbicides plus toxiques et en plus grande quantité. Monsanto s’est aussi allié avec BASF, avec un investissement de 1.500 millions de dollars, pour créer de nouvelles variétés génétiquement modifiées de maïs, de soja, de coton et de colza. Avec Cargill, il a créé l’entreprise Renessen, destinée au maïs et au soja transgénique pour les agrocombustibles et le fourrage. Pour Monsanto cela signifie en outre, avancer dans son monopole, en cherchant à écarter ses concurrents les plus proches, Syngenta et DuPont, du marché des agrocombustibles.

Troy Hobbs, manager de la Bunge/Dupont Biotech Alliance (à g.) et Jason Klootwyk, Bunge, son adjoint commercial (à dr.) posant devant le logo du produit lancé par les deux entreprises : Treus, une huile combustible de soja auparavant commercialisée sous le nom de Nutrium.

De son côté DuPont a créé avec Bunge (un des plus grands céréaliers du monde) la compagnie Treus destinée à des hybrides de maïs et de soja pour agrocombustibles et a aussi passé une alliance avec British Petroleum (BP) pour produire de l’éthanol de blé et du biobutanol. Syngenta a signé un accord de collaboration de 10 ans avec Diversa Corporation (biopirate de micro-organismes du monde entier) pour développer des enzymes transgéniques pour produire de l’éthanol, ou être incorporées directement dans les semences ou dans le traitement. Syngenta travaille avec des producteurs de canne à sucre au Brésil dans ce sens, et est le premier des géants du transgénique qui a sollicité l’approbation des USA pour un maïs avec une enzyme spécialement conçue pour les agrocombustibles.

Le pas suivant dans cette escalade qui met en danger les biens communs de l’humanité et de la planète, à des fins de gains privés, est la biologie synthétique, qui entend créer des êtres vivants construits à partir de rien. Par exemple, Synthetics Genomics, la compagnie qu’a créé le controversé généticien Craig Venter, travaille à la création d’organismes vivants totalement artificiels pour produire de l’énergie.

À côté des plans de transnationales et de scientifiques au service du gain sans scrupules, croit aussi la conscience et la résistance à l’échelle globale. Pour tout ce qui est en jeu c’est, sans doute, une dure bataille.


L’entreprise suisse Syngenta produit notamment un herbicide non-sélectif hautement toxique, le paraquat, commercialisé dans plus 100 pays sous le nom de Gramoxone®. Il est employé copieusement non seulement dans les grandes plantations de bananes, de cacao, de café, de coton, d'huile de palme, d'ananas, de caoutchouc et de sucre de canne, mais aussi dans les champs des petits paysans. Les travailleurs et paysans qui sont en contact régulier avec le paraquat font face à de graves problèmes de santé. La haute toxicité du paraquat, contre lequel il n’existe aucun antidote, cause régulièrement des décès. La Déclaration de Berne a lancé en octobre 2006 une campagne «Halte au paraquat!». Lire ici


Source : La Jornada

Article original publié le 15 septembre 2007

Sur l’auteur:www.tlaxcala.esp.asp

Illustrations et légendes de Tlaxcala

Gérard Jugant et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=3740&lg=fr


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