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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Le statut des réfugiés en Equateur : une leçon pour la RD et Haïti

Publié par Larissa Converti sur 11 Août 2015, 09:20am

Catégories : #NUESTRA AMERICA

Au moment où la question des migrants haïtiens et des descendants d'Haïtiens en RD occupe l'actualité de ces deux pays et de leurs diasporas respectives, il est intéressant de jeter un regard sur la manière dont l'Equateur gère ce problème.

Dans l'article on apprend beaucoup de choses.

D'abord qu'il y a 50 000 réugiés en Equateur. Dont 40 000 au moins resteront dans le pays. 80% des réfugiés souhaiteraient s'y établir de manière permanente.

 Que l'Equateur a depuis longtemps une politique d'accueil envers les réfugiés.

Le pays a ouvert ses portes aux Juifs persécutés par le régime nazi, alors que dans le même temps les USA avaient imposé un quota et que  dans beaucoup de pays d'AM. Latine les portes leur étaient fermées.

Ensuite, le plus grand nombre de réfugiés en Equateur vient de Colombie, où comme vous le savez la population civile s'est retrouvée menacée par la lutte entre guerillos et armée et bien sûr par la mafia des narcotraficants. Il se trouve que les Colombiens selon l'agence de l'ONU du Haut Commissariat des réfugiés représentent , après la Syrie, le plus grand grand nombre de personnes déplacées dans le monde.

Le saviez-vous ?

 

Les réfugiés  bénéficient des mêmes droits que ceux des citoyens équatoriens, y compris l'accès aux soins de santé gratuits, l'éducation. La politique d'accueil du gouvernement a été aidée par des ONG travaillant particulièrement sur la question des migrants, dont des associations norvégiennes. Et aussi des associations de juifs équatoriens sensibles à une situation qu'ils ont eux-mêmes expérimentée.

Au mois de février dernier, un accord a été signé entre le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU et le gouvernement afin d'offrir une plus grande protection aux réfugiés.

De plus, après 3 ans dans le pays, les migrants ont le droit de déposer une demande de nationalisation.

Depuis 2009, les provinces du Nord de l'Equateur ont initié un nouveau processus qui permet aux migrants de se voir délivrer un visa en l'espace d'une journée, alors qu'auparavant la procédure prenait des mois. Tout ceci, comme dit auparavant, grâce aux bons offices de l'ONU et d'associations telles que le Norwegian Refugee Council.

Rafael Correa récemment, en mai 2012, a voulu durcir la loi avec le décret 1182 demandant que tout réfugié se fasse enregistrer dans les 15 jours suivants son arrivée.

Suite aux réactions négatives des associations, la Cour Constitutionnelle a déclaré que le décret 1182 violait la Constitution de l'Equateur qui stipule le principe d'égalité. Du coup, de 15 jours le délai pour  se faire enregistrer est passé  à 3 mois.

 

Mais, si  les lois protègent les réfugiés, il n'en reste pas moins vrai qu'ils ne sont pas forcément bien vus des locaux. Les Colombiens qui représentent la majorité des migrants, selon un sondage datant de 2012,  sont ceux qui recueillent la perception la plus négative chez 64% d'Equatoriens. Ils sont souvent associés avec la criminalité, la prostitution, la violence.

Bref, leur vie n'est pas facile, surtout celle de ceux installés dans la ville de Lago Agrio située à la frontière avec la Colombie. Et, bien évidemment, ce sont les femmes  - vous avez vu comment Martelly s'en prend lâchement à une femme- et enfants les première victimes des violences familiales et  de celles de  trafiquants qui les forcent à se prostituer.

Néanmoins, afin de lutter contre la discrimination et promouvoir le respect des migrants, le gouvernement a mis en place des ateliers de conscientisation,  à la fois dans les sphères publiques et privées - Police nationale, Armée, système judiciaire, ministères, media, société civile, etc. Efforts qui pourront  avoir des effets positifs mais qui ne mettront pas fin à la discrimination contre les Colombiens- comme ça se passe pour tous les réfugiés dans le monde qui essaient de s'assimiler dans un nouveau pays.

 

Avec cet exemple de l'Equateur, on peut mesurer  à quel point le gouvernement de la RD, à l'inverse de ce qu'il dit, en ne prenant pas les mesures adéquates, a failli à son devoir de protection envers les immigrés haïtiens sans papiers et les descendants d'Haïtiens installés sur leur territoire depuis 1929. Personnes totalement abandonnées par les autorités dans une non existence légale et donc sociale, économique et culturelle. 

Le mauvais  traitement fait aux descendants d'Haïtiens en RD est un cas d'une violence rare dans le monde entier où, dieu seul sait, que tous les pays ont des problèmes avec leurs immigrés.

 

Enfin, et ceci concerne plus directement Haïti, le gouvernement colombien a entrepris un programme pour faciliter le retour de ses émigrés. Ce programme comprend des compensations financières et des restitutions de terre.

Bien que la situation des migrants haïtiens en RD et celle des Colombiens en Equateur soit différente, le gouvernement haïtien à venir, pourrait s'inspirer de ce programme colombien pour créer des conditions favorables au retour des immigrés sans papiers : au cas par cas, don ou prêt d'un petit capital, distribution de terres, encadrement pour la production et la distribution de denrées alimentaires.

Ce programme de résinsertion pourrait être mis en place avec l'aide du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés et d' assocations norvégiennes qui ont une grande expertise dans ce domaine.

Tout ceci n'étant envisageable que si le gouvernement qui succède au régime Tèt kale ne se situe pas dans la comédie, le lucre, la vulgarité arriviste et la roséification du pays.

Nul ne peut présager de l'avenir.

Au vu de la manière dont se sont déroulées les élections, on peut craindre que le pire soit à venir et que les Haïtiens, dans leur ensemble,  se trouvent dans l'incapacité de trouver le courage, l'intelligence, l'abnégation nécessaires pour emprunter le chemin  ardu de la dignité.

 

 

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