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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Compte rendu rencontre Anacaona du samedi 19 juin

Publié par siel sur 22 Juin 2010, 09:17am

Catégories : #CULTURE

Ah!  les petits patés de l'Association Anacaona, un régal ! Et leur punch,  un nectar !

Bon. Je m'égare comme Don Camillo à la messe de minui de Noël.

 

Plus sérieusement, voici un petit compte rendu de cette 2ème rencontre organisée avec Maître Mario Joseph

autour de la question des droits de la personne en Haïti.

Il y avait foot et par conséquent moins de monde que d'habitude.

 

Comme d'habitude, l'auditoire  était de qualité.

Je le dis sans flatterie aucune.

Celles et ceux qui assistent aux rencontres d'Anacaona

ont pu, comme moi, le remarquer.

Il y a là des gens éduqués, informés, et totalement bien élevés.

Jamais de "jouwe manman", d'insultes

de "voye monte",  de bluff

de "zen", de ragots

ni de paroles stupides et blessantes de gens d'extrême droite

ni des provocateurs, genre troll sur le net, qui dévient les débats,

ni d'orateurs plus soucieux de  faire étalage de leur maîtrise de la langue française,

que de la pertinence de leurs discours,

ni de politiciens en campagne, etc.

C'est une exception assez remarquable pour être soulignée.

D'autant plus qu'il s'agit d'un public où toutes les origines sociales sont représentées

et où se mêlent Haïtiens et Français

 

Comme d'habitude également, l'exposé de l'avocat, M. Mario Joseph , était enrichissant

bien que parfois  totalement insoutenable.

A l'écouter faire le constat de l'Haïti post séisme :

absence du gouvernement,

plan de reconstruction  qui est une application du  sinistre rapport Collier,

Monsanto et son projet de conquérir le marché haïtien,

les plans de  ces messieurs subventionnés par USAID et l'UE

pour faire de l'agrocarburant

sans  même parler de la situation infrahumaine

dont nous étions déjà peu ou prou informés

des gens répartis dans "1053 camps",

parqués sous des tentes de mauvaise qualité,

"yo ka tronpe soley, yo pa ka tronpe la pli"

plantées sur des terrains qui se transforment en boue à la première pluie,

dépourvus de sanitaires,

l'insécurité, les vols, viols et violences faites aux femmes: "100 cas de viols répertoriés"

la vulnérabilité de personnes âgées accusées de sorcellerie;

"il y a eu deux cas de lynchages  mis à ma connaissance"

(merci aux bons pasteurs made in USA, pour ces "bienfaits "de la chrétienté

et de la civilisation: la chasse aux sorciers,

bienfaits aussi magnifiques que ceux de l'esclavage, n'est-ce-pas !)

on en resterait presque paralysé face à l'accumulation de tant d'horreurs.

 

Il nous a signalé que le violations des droits humains sont très nombreuses,

mais par contre peu d'avocats pour défendre ces causes.

Aussi, il aura l'appui d'une association  d'avocats et de juristes  français :"Droit et solidarité"

qui compte aider son cabinet en envoyant des statgiares sur place.

Bon bagay! 

 

Notez-bien, jeunes avocats haïtiens, français d'origine haïtienne et étrangers

que vous pouvez présenter des propositions de demande de stage au cabinet

de Maitre Mario Joseph. Elles seront étudiées avec soin et une réponse suivra.

 

 Bien heureusement, notre avocat  qui est un homme de terrain,

en faisant le récit de son combat au quotidien

pour la défense du respect des droits de la personne

ne laisse pas place au découragement et à l'apitoiement.

Au contraire.

 

Pour preuve,  la première question qui a suivi son exposé était de l'artiste haïtienne, Mimi Barthelemy qui a demandé: que peut faire la diaspora dans cette situation ?

Ce à quoi a répondu M. Mario Joseph que l'information était primordiale.

La diaspora peut transmettre les informations, organiser des sit-in devant l'ambassade d'Haïti, du Brésil, etc.

" le fait que vous soyez là est déjà important. Pour écouter et rapporter aux autres."

Il a rappelé  que l'on pouvait difficillement faire confiance aux média haïtiens dépendants financièrement des élites commerçantes haïtiennes.

 

Une autre personne (dont je ne me rappelle malheureusement pas du nom, mille excuses)

a développé une idée qui va dans le même sens.

A savoir, qu'il faudrait faire en sorte d'énoncer, de nommer cette situation  horrible dans laquelle se trouve la population haïtienne, de manière à ce que cela puisse  se présenter au vu et au su de tous,

qu'on ne puisse pas détourner les yeux.

Enonciation qui devrait forcément déboucher sur des actions si, selon elle, le porte-parole en était une personnalité haïtienne, reconnue pour son honnêteté, sa grandeur d'âme et son intelligence.


"Mais oui, nous sommes d'accord, ce serait l'idéal "répond Maître Mario Joseph," mais pour l'instant cette personne n'existe pas."

 

Le Dr Lucienne Numa- que j'ai eu le plaisir de rencontrer

et qui m'a dit avoir eu comme professeur à la fac de médecine d'Haïti, mon père (c'était avant  les Duvalier) et m'a également parlé de mon oncle dont elle a été le condisciple, et de bien d'autres personnes encore.  En plus, par pure coïncidence, le père de Mimi Barthelemy avait été le prof de mon père à la fac de médecine  (c'était avant  les Duvalier). Voici donc 3 femmes qui se retrouvent indirectement liées. Haïti c'est également ça.

 

Le Dr Lucienne Numa a posé la question de la souveraineté d'Haïti. Pour elle, Aristide a  commis une erreur monumentale, un crime presque,  en permettant aux troupes US de pénétrer en Haïti, au moment  de son retour. Elle reconnaît volontiers, que la dépendance économique d'Haïti, ne laisse pas beaucoup de place à une indépendance politique, mais encore une fois, elle remarque que la dépendance des Haïtiens s'est aggravée  au point où il semblerait qu'il n'y ait plus un seul ingénieur dans le pays capable de construire un pont.

 

M. Jean-Renève Saint Paul, de l'Association Gayak, a précisément rebondi sur la question de la souveraineté nationale. Pour lui, la démisssion de Préval est secondaire, puisque selon lui, Préval n'a aucune autonomie et applique un programme qui lui a été dicté.   Pour lui, ce qu'il faudrait  c'est une mobilisation autour d' un calendrier du retrait des troupes de l'ONU.

 

Il faut dire que  la "démisssion de Préval"  demandée par certains secteurs soulève un certain nombre de questions.

Dont la première: qui remplacera Préval ? Il n'y a pas de président de la Cour de Cassation qui devrait être le remplaçant selon la Constitution; Il reste le juge le plus ancien. Et qui est ce juge le plus ancien ?

 

Pour ma part, j'ai répété  que je n'approuve pas cette demande de démisssion

venant de partis et d'associations qui ne sont  pas eux-même fiables,

qui constituent  un vrai "manje kochon" ,

une sorte de "on trouve de tout à la Samaritaine"

" un pot pourri " d'opposants à Préval

allant  de  certains secteurs de l'extrême droite militaro-macouto-duvaliériste jusqu'à des lavalassiens,

en passant par la "gauche néolibérale", pro-privatisations  de l'OPL et de Fusion, and co.

Est-ce qu'il ne faudrait pas commencer par plancher sur un programme  commun avant de renverser ?

 

Selon, Maître Mario Joseph, la demande de démisssion s'est imposée face à un Préval totalement autiste.

Les gens, dit-il,  on eu beau faire des manifestations, des pétitions, des lettres ouvertes et toutes sortes d'autres actions, Préval et son gouvernement restent de marbre, refusant le dialogue.

D'où la  demande de démission comme moyen ultime d'être écouté.

 

Enfin, pour Maître Mario Joseph, il faudrait tout remettre à plat et organiser des Etats généraux constitués par les forces vives du pays : ouvriers, paysans, cadres, secteur privé, secteur public pour réfléchir, discuter et élaborer un programme politique qui permettrait à Haïti de se développer dans le respect de sa population et de son environnement.

 
 Encore un grand merci à l'équipe d'Anacaona pour l'intérêt de son travail, la chaleur de son accueil

et bien sûr les délicieux petits patés maison.

 

 

 

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