On fuit le totalitarisme pour goûter au plaisir de la liberté et se reconstruire, mais les inconvénients rencontrés à chaque étape de cette quête et de cette reconstruction nous rappellent que nos racines sont d’ailleurs et qu’il nous faut composer ou contourner l’ordre établi pour subsister et redevenir citoyen, contribuable ou consommateur. C’est la résultante d’une politique basée sur l’intégration des étrangers. L’intégration, mot vague sans fondement ni cohérence, fait de l’étranger une menace, un enjeu politique. Résorber son flux, c’est défendre les intérêts de la nation sinon les élections risquent de provoquer une bérézina sociale.
Chansonniers et paroliers haïtiens ont pendant longtemps compris que l’immigration n’est pas un crime, au contraire une main d’œuvre bon marché faite pour bouster l’économie mondiale au point que beaucoup de chanteurs s’approprient ces paroles : Nou se yon ras moun, yon klas moun k’ap pote tè-a sou kou’n …Jou nou di nou pa’p mache, n’ap kanpe, ka gen rèl ka Makorèl.
Aux USA, les latinos (immigrés et citizen) l’ont compris et l’ont prouvé avec un slogan choc « un jour sans immigrés ». Les conséquences économiques de cette manifestation sont estimées en millions de dollars. L’économie de marché des pays occidentaux, placée sous perfusion de l’immigration ne peut pas résister à des actions répétées de ce type. L’étranger se dévoue à la cause de son travail, il donne son temps, son sang, son courage à la bonne marche de l’entreprise, cotise aux différentes caisses, paie des impôts. Il mourra dans son pays natal dans l’indifférence générale ; il ne jouira jamais de sa retraite. Comment conjuguer le droit et le devoir dans de telles circonstances ?
En France, pendant que l’Assemblée nationale vote la loi sur l’immigration, on commémore l’abolition de l’esclavage, reconnu enfin comme crime contre l’humanité. Que de siècles se sont écoulés, que de tergiversations de fils d’esclaves pour emmener les hommes du monde civilisé à la raison. Haïti en avait emboîté le pas depuis 1804. N’ap pote tè-a sou kou’n jusqu’au prochain lever du soleil. L’étranger non régularisé qu’on appelle ici « Sans Papiers » ne rentre dans aucune case du système, il n’a pas de statut propre mais, il travaille. A qui profite cette situation ?
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