Pourquoi une bonne quantité d'Haïtiens - ceux qui ne s'en foutent pas- ne comprennent rien au conflit avec la RD ?

49 années de travail dans la canne et aujourd'hui sans retraite, est écrit sur la pancarte

D'abord parce que les journalistes ne font pas leur travail d'information correctement.

On l'a vu avec l'affaire Bautista/Martelly.

Pas de reportage sur place, pas d'entretiens avec les personnes dénationalisées, pas de reprises d'articles parus dans la presse internationale. Rien.

Ensuite, parce que la plupart des zotorite (courtoisie V. Numa de Vision 2000 qui aime à les citer comme références)  culpabilisent les Haïtiens avec un discours extrêmement mensonger, l'idée qu'Haïti doit tout à la RD.

Ce discours "officiel" a été conçu par les hommes d'affaires, ceux qui importent la nourriture de la RD, ceux qui importent de la RD les pièces nécessaires pour leur commerce de sweatshop à savoir les usines d'assemblage. 

C'est ce discours qui sied aux patrons qui est martelé par les journalistes, qui sont des employés de ces hommes d'affaires, patrons de la majorité des media en Haïti comme en RD.

On voit l'impact de ce discours mortifère sur les réseaux sociaux où il est repris par des dits intellectuels -ici on parle de préférence de zentellectuels- qui propagent une sentiment d'humiliation propre à produire de la démobilisation et de l'absence de solidarité pour les personnes frappées par ces abus.

On l'a vu avec les bravos lancés par ces zentellectuels à Supplice qui lui-même occultait le problème de la dénationalisation pour focaliser l'attention sur un problème technique d'identification par l'Etat haïtien des sans papiers résidant en RD.

Les Haïtiens font comme si M. Supplice était un nouveau-né en politique. Et, comme avec Opont, ils acceptent de voir des personnes occuper des positions importantes, dans des moments en plus de crise,  dans lesquelles antérieurement elles s'étaient montré incompétentes - voire malhonnêtes.

Comme je l'ai déjà dit et je le redis Supplice a occupé à plusieurs reprises jusqu'en 1985  (1 an avant la chute de son mentor) des postes au ministère de l'Emigration sous Duvalier J-Cl. Là où il aurait été bien placé pour mettre en place ce programme d'identification dont il parle. Voici ce qu'il a écrit :

"J’ai occupé les postes suivants : Consul général à Tokyo, Japon (1973-1974) ; Premier secrétaire, ambassade d’Haïti, Rome, Italie (1974-1976) ; Premier secrétaire, ambassade d’Haïti, Mexico, Mexique (1976-1977) ; Directeur général adjoint de l’Immigration et de l’Emigration (1977-1979) ; Directeur général de l’Immigration et de l’Emigration (1979) ;  Sous-Secrétaire d’Etat de l’Intérieur et de la Défense nationale (1979-1981) ; Sous-Secrétaire d’Etat des Affaires sociales (1981-1983) ;  Secrétaire d’Etat des Affaires sociales (1983-1985) ; Secrétaire d’Etat de l’Immigration et de l’Emigration (1985) ; Secrétaire d’Etat de la Sécurité sociale et du Logement (1985) ; Ministre des Affaires sociales (1985-1986)

A cette époque, comme aujourd'hui, les hauts fonctionnaires de l'Etat voyaient la vie en rose, tant que l'argent rentrait dans leurs comptes en banque.

Et comme dit si bien le journaliste d'Haïti Observateur : Les enfants de marchands de patrie sont aujourd'hui pris avec la descendance refoulée des exilés sucriers."

"L'avant-veille avait négocié l'exil des coupeurs de canne en RD au prix de fortunes personnelles. Comme si on avait pensé à les enterrer là-bas sans progéniture. Erreur, il y a eu des enfants, beaucoup d'enfants. Les enfants de marchands de patrie sont aujourd'hui pris avec la descendance refoulée des exilés sucriers."

Haïti Observateur

Duvalier J-Cl, patron de Supplice, a emporté avec lui, l'argent versé par la RD en 1986 en échange des coupeurs de canne. Ce sont les militaires, la bande des Namphy, Avril,  qui ont été au pouvoir après lui qui ont remboursé cette somme à la RD.

Les journalistes taisent cette réalité du trafic entre les Duvalier père et fils et la RD pour livraison de "matériel humain" pour couper la canne tous les ans.

Les journalistes sont incapables d'expliquer à leurs lecteurs et auditeurs que les gens de descendance haïtienne,  travailllant dans les bateyes, ne pouvaient pas déclarer leurs enfants , ni en RD, ni en Haïti, dans la mesure où ils étaient tout bonnement prisonniers sur ces plantations, gardés par des macoutes de la RD ou parfois des Haïtiens que Duvalier mettaient à la disposition des entrepreneurs de la RD.

Et que Supplice ment pour cacher l'inaction du gouvernement dictatorial qu'il a servi.

Les journalistes devraient expliquer qu'Haïti ne doit rien à la RD. C'est grâce à la force de travail esclavagisée des Haïtiens que les entreprises sucrières de la RD ont été florissantes. C'est grâce à cette même main d'oeuvre que les entrepreneurs en construction ont prospéré et que la RD a pu développer ses infrastructures.

C'est la RD, elle-même, qui demandait qu'Haïti lui fournisse des bras.

Que si les Haïtiens traversent en RD, c'est que c'est le pays le plus proche, comme le faisaient Espagnols, Portugais, Italiens traversant la frontière vers la France.

Que si les Haïtiens vont en RD, c'est comme pour les Italiens, Espagnols, Portugais, Algériens,  en France, parce que les entrepreneurs les embauchaient.

Enfin que si les Haïtiens avaient le choix du pays d'émigration, c'est sûr que la RD ne serait pas la destination la première sur leur liste.

Ils feraient comme les Dominicains eux-mêmes et s'en iraient à Porto Rico avec l'espoir de se retrouver aux USA.

Coupeurs de canne dominicains d'ascendance haïtienne manifestant pour leur droit à la retraite. Homme de 75 ans privé de retraite, travaillant dans les batey depuis l'âge de 14 ans et continuant encore pour trouver les quelques centimes nécessaires pour se nourrir.

Les journalistes occultent la réalité parce que leurs patrons sont des entrepreneurs qui commercent avec la RD, investissent en RD et utilisent parfois eux-mêmes la main d'oeuvre haïtienne illégalement entrée dans le pays.

Des patrons voraces et cupides qui ont tout intérêt à maintenir et en Haïti et en RD, les travailleurs haïtiens, dans la misère la plus abjecte, dans l'insécurité afin de pouvoir les utiliser quand ils ont en besoin, pour ensuite les jeter comme des kleenex et ameuter la foule des "vengeurs" assassins contre eux.

Si vous regardez ici, comment Zapatero a procédé quand il a décidé de mettre en place un programme de régularisation de l'immigration, il a fait en sorte d'encourager les patrons à déclarer leurs employés sans papiers, contre la garantie qu'ils ne seraient pas pénalisés.

Si vous regardez ici, ce que dit cette parlementaire des USA, enfant de parents dominicain et haïtien, vous pourrez, par contraste,  constater la pauvreté des informations produites par les zen-journalistes haïtiens, leur incompétence;  et la manière dont ils manipulent les esprits, soit en les chauffant puérilement et de manière quasi-fascisante - les Dominicains deviennent tous des salauds- ou en les orientant, au contraire, vers une sorte de culpabilité collective, leur faisant endosser la responsabilité de la présence d'Haïtiens en RD.

Dans les deux cas, on est loin d'une argumentation basée sur des faits.

Haïti est véritablement une bonne et juteuse poire pour les Dominicains : avec les immigrés payés au lance pierre, le commerce avec Haïti, son 2ème partenaire commercial, les étudiants, les vacanciers, les duvaliéristes, gnbistes et  tèt kale qui investissent dans l'immobilier...

Le siège de la Minustah qui occupe Haïti depuis 2004,- grâce aux forces conjuguées des duvaliéristes, gnbistes et futurs tèt kaléistes - construit en RD. Pourquoi pas en Haïti ?

Et de plus, même la Minustah, qui occupe Haïti depuis 2004, date de la commémoration du bicentenaire de son indépendance,  a construit son siège,  un superbe immeuble chez eux, dont la RD héritera à leur départ.

Pourquoi n'est-ce pas en Haïti que l'Onu a fait cette dépense qui aurait donné du travail aux Haïtiens, mais en RD  ?- peut-être bien avec pour ouvriers des travailleurs haïtiens sans papiers. C'est tout à fait possible. 

Un exemple de l'incompétence des journalistes : les auditeurs et lecteurs de ces media appartenant aux patrons haïtiens, savent-ils que les travailleurs des batey  se battent pour que leur soit versée leur retraite  ?

Savent-ils que, précisément, pour ne pas se trouver dans l'obligation de verser des retraites aux gens qui ont cotisé toute leur vie, le gouvernement de la RD a pris, une autre de ces mesures infamantes, qui est d'enlever le droit à la retraite aux gens ayant travaillé sans papiers sur leur territoire ?

S'il en est ainsi, le gouvernement de la RD, ne devrait-il pas leur rembourser leurs cotisations ?

Et qui est responsable dans cette histoire ? Les travailleurs qui ont cotisé ou bien le gouvernement de la RD qui a accepté les cotisations de travailleurs sans papiers ?

Dingue. 

C'est ce monde à l'envers, tèt an ba/tèt kale, que les gouvernements haïtiens et dominicains obéissant à leurs patrons veulent imposer comme juste.

Des lois injustes ne font pas la justice.

Ce pourquoi il ne faut absolument pas et en aucun cas, donner son bulletin de vote aux tèt kale, et associés, aux "enfants de marchands de patrie".