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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Monsignore Bergoglio et le problème des curés pédophiles- PAR MICHEL DELARCHE

Publié par siel sur 11 Août 2014, 12:22pm

Catégories : #INTERNATIONAL

Le quotidien Pagina/12 a publié dans son numéro du 30 juillet un long article en résumant l'enquête menée par le sociologue F. Mallimaci sur l'attitude de l'église catholique argentine face au problème de la pédophilie dans le clergé. L'article est accompagné d'une lettre ouverte au pape de quatre victimes de prêtres pédophiles. Le bilan dressé par cette enquête est accablant, y compris pour l'ancien cardinal-archevêque de Buenos Aires Bergoglio, dont le comportement fut malheureusement à l'unisson de celui du pape Wojtyla (qui avait en son temps, malgré quelques avertissements internes et externes à l'église, beaucoup poussé à la béatification du pédophile en série mexicain Maciel: l'avocat du diable n'avait visiblement pas fait correctement son boulot sur ce coup-là...) et de ses prédécesseurs. Parmi divers exemples révélateurs du mépris des victimes dont faisait preuve la hérarchie de l'église, est cité le cas d'un petit garçon victime d'un curé pédophile et dont l'évêque faisait la sourde oreille aux plaintes de ses parents. En désespoir de cause, la famille fit le voyage de Buenos Aires jusqu'à l'archevêché afin d'y remettre une lettre rédigée par l'enfant lui-même à l'intention du cardinal-archevêque Bergoglio (à l'époque la plus haute autorité ecclésiastique de l'église argentine) pour demander son intervention, mais le gamin et ses parents furent purement et simplement jetés à la rue par le personnel de sécurité de l'archevêché. Parmi les facteurs expliquant l'aveuglement persistant de l'église catholique face au problème des crimes sexuels commis par ses membres, deux sont relativement génériques (ces réflexes-là s'observe aussi dans d'autres structures comme l'Éducation Nationale ou l'Armée): a) un réflexe corporatif de défense a priori de l'institution et b) une grande difficulté à aborder les questions relevant de la sexualité considérée comme un thème plus ou moins tabou. Mais on peut trouver aussi aux racines de la mauvaise volonté de la hiérarchie catholique deux explications plus spécifiques: a) une persistance du cléricalisme dans sa relation aux autres institutions (en particulier dans les pays comme l'Argentine, l'Italie, la Pologne, l'Espagne, la Bavière, l'Autriche, le Québec ou l'Irlande ou le poids d'un catholicisme sociologiquement traditionnaliste et politiquement réactionnaire reste important) et ce cléricalisme maintient de manière plus ou moins consciente l'idée que le clergé doit jouir de prérogatives et de privilèges spécifiques dans ses relations avec l'Etat y compris l'institution judiciaire. b) une bonne dose d'obscurantisme et de confusionnisme: tel évêque argentin cité dans l'article de Pagina/12 met en avant le célibat des prêtres comme cause du problème, refusant ainsi de percevoir la différence entre la pédophilie et les autres comportement prédateurs, d'une part, et les relations sexuelles entre adultes consentants, d'autre part. Après des décennies (voire des siècles: Voltaire se plaignait déjà d'avoir été dans son enfance copieusement sodomisé par les Jésuites qui régentaient le Collège d'Harcourt, à l'emplacement de l'actuel lycée Saint Louis) de déni et de minimisation du problème, l'attitude du Vatican a commencé à changer sous le pape Ratzinger en raison de trois facteurs: a) la laïcisation des sociétés les plus développées (Amérique du Nord, Europe Occidentale) qui a rendu les sociétés civiles moins tolérantes envers les abus sexuels des prêtres; b) la libération de la parole des victimes et la large diffusion médiatique subséquente rendant les scandales à répétition impossibles à étouffer et c) l'impact financier sur l'église nord-américaine (gros contributeur net au budget du Vatican) des condamnations prononcées en justice (à la fois pdu fait des indemnités à verser aux victimes et de la réduction du denier du culte en raison du mécontentement des fidèles). Mais l'article de Pagina/12 montre bien que l'église n'a évolué que lentement et faiblement, et seulement quand elle y fut contrainte et forcée par l'ampleur de l' indignation publique et il faudra davantage que les récentes paroles de compassion du pape Bergoglio envers les victimes pour compenser l'inertie de ses prédécesseurs et de Monsignore Bergoglio lui-même,et en particulier que l'Église prenne une bonne fois pour toute la décision à ne plus entraver l'action de la justice. Cerise sur le gâteau (si l'on ose dire): il a été révélé quasi-simultanément avec parution de cet article que de l'argent avait été détourné des caisses d'une fondation caritative destinée aux enfants abandonnés, et ce afin d'adoucir le sort de son fondateur, le curé Grassi, finalement condamné et mis en prison pour pédophilie, malgré des années d'obstruction alimentée par l'église et les milieux catholiques conservateurs.

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